De COP en COP…

Les enjeux stratégiques de la lutte contre le changement climatique

 

Nous n’attiserons pas le feu de la COP de la dernière chance, chaque année nous reprenons notre bâton de pellerin, constatons à quel point la science du climat avance, le sujet monte dans l’opinion publique, les expérimentations avancent sur le terrain, tout en déplorant l’incohérence au sein des politiques publiques, les difficultés pour les solutions durables de passer à l’échelle, les intérêts à court terme…  Les enjeux stratégiques, ce sont eux qu’il ne faut pas perdre de vue, dans le brouhaha climatique.

Il faut situer les étapes franchies et celles à venir :

La première concerne la prise de conscience par les autorités 

  • Elle a découlé des rapports du GIEC et de la négociation internationale annuelle de l’UNCCC. Elle a concerné essentiellement les pays industrialisés à partir du Protocole de Kyoto de 1997 et les professions directement concernées.

La deuxième découle de l’Accord de Paris de 2015

  • Elle concerne la totalité des pays y compris ceux en développement qui pour la première fois ont eu à présenter à l’UNCCC des « contributions déterminées à l’échelle nationale » les engageant pour 2030.
  • Les médias ont accordé beaucoup plus d’importance au sujet (les sécheresses, les canicules, les feux de forêt, les inondations et aux événements extrêmes de plus en plus fréquents).

L’appropriation en cours du processus de transition énergétique et climatique

Ce double mouvement a eu deux conséquences :

  • La nécessité de revoir les formations professionnelles pour intégrer les engagements publics dans les métiers. Cela conduit à modifier les priorités : développer les énergies renouvelables, améliorer la construction neuve, rendre l’usage de l’énergie plus efficace dans l’industrie, l’électroménager et les transports ou adapter les pratiques agricoles. Ce processus de transition énergétique et écologique est en cours et va s’accélérer d’ici 2030.
  • D’une sensibilisation assez vague des populations, on passe à une appropriation plus profonde des enjeux.
  • Cette transition implique des changements d’orientation des flux financiers privés et publics. Cette étape ne commence qu’à s’engager. Elle suit les profonds changements législatifs et réglementaires actuellement engagés par les pays.

Deux conclusions majeures en découlent :

  • Le rythme de cette transition sera plus difficile dans les pays en développement que pour les pays industrialisés.
  • A l’inverse, pour la première fois, les changements technologiques vont devoir s’appliquer pour la première fois de toute l’histoire humaine à toute l’humanité, car c’est l’habitabilité de la planète même qui est en cause. 
  • En pratique, il faut craindre une aggravation des inégalités dans tous les pays mais surtout dans les pays en développement frappés par les catastrophes climatiques. C’est notamment le cas des pays touchés par le processus de désertification, si ce dernier n’est pas endigué, notamment par un retour au sol de la matière organique.

L’enjeu majeur est maintenant : impliquer davantage les populations

Ce processus de transition engagé montre un grave déficit démocratique qui pourrait conduire à un échec.

  • La sensibilisation de la population qui a profondément progressé ces dernières années et qui concerne tous les pays et les forces politiques, sans pourtant réduire les divergences.
  • Si les pouvoirs publics s’engagent progressivement dans cette transition, l’effort éducatif n’est pas accompagné d’une transformation rapide des modes de vie et des comportements des citoyens.

Les 2 pièces manquantes de cette transition

Dès lors, ce processus de transition, s’apparente à un profond changement de civilisation comme l’humanité en a déjà connu avec la chute de Rome, la découverte de l’Amérique ou l’entrée dans la société industrielle… Actuellement, la sensibilisation au changement climatique brouille les perceptions personnelles concernant l’avenir et celles exprimées aux nouvelles générations.

1 – Passer d’une transition globale du mode de développement d’un pays à des transitions personnelles

Il faut donc renverser la perspective en décrivant le processus de transition que pourront suivre des familles en fonction de leurs différentes conditions de vie

  • Pierre Radanne a engagé pour la première fois ce processus pour la France en 2013 avec le soutien de l’ADEME. Puis l’a poursuivi avec 4D pour sa diffusion lors de la COP 21 puis sur les 3 pays du Maghreb en 2017. Il le reprend actuellement pour une publication en 2022. 4D produit une version de OurLife21 à mettre dans toutes les mains des citoyens. On ne gagnera pas le changement climatique si on ne parle pas à la personne. On ne gagnera pas si on n’est pas inclusif. 

 

  • L’étude prend la forme de « profilage » de familles qui sont décrites par leur âge, leur composition familiale, leur métier, leur éducation et culture, leur niveau de revenu, leur mode d’habitat, de transport, leur régime alimentaire, leur gestion des déchets et leur localisation géographique. Cette évolution de 2010 à 2050 est décrite par pas de 10 ans. Au total cette simulation décrit au total, du fait du renouvellement des générations, 700 personnages, ce qui permet de présenter autant de trajectoires de vie en fonction des choix personnels possibles. Ensuite à chacun des lecteurs de choisir à quel mode de vie il souhaite s’identifier et faire ses choix. Ensuite la somme des accès multiples à ces transitions personnelles doit être conforme globalement à la Contribution déterminée à l’échelle nationale et à la prospective du GIEC de stabilisation du changement climatique en dessous d’un réchauffement climatique en dessous de 2°C.

 

  • Le jeu conçu par 4D permet d’expérimenter ces changements, ces choix, ces impacts en incarnant une famille, mais aussi cette solidarité obligatoire sans laquelle personne ne gagne. 

 

2 – Progresser vers des transitions des territoires

 

  • Il faudra ensuite transcrire cette approche scénarii / diversité des modes de vie  à travers un grand effort pédagogique s’intégrant dans les plans climat des régions et des villes ainsi que dans les prospectives effectuées des secteurs économiques et des professions.

 

  • La politique climat nationale sera alors transposée dans un processus dans lequel chacun pourra s’intégrer, dans un projet collectif qui pourra accélérer la transition et réduire les inégalités sociales tout en étant respectueux des choix personnels où chacun pourra déterminer ses actions en fonction de ses possibilités, préférences et capacités tout en impliquant la totalité de la population et contribuant ainsi à une grande cohésion sociale chacun étant rassuré par l’engagement concret des autres.

 

Suivez nous durant la COP 26, Vaia Tuuhia déléguée générale et Jean-Luc Redaud seront présents à Glasgow