Remode toi ! #épisode 5 Max Havelaar

« Faire des efforts sur la qualité, sur les certifications sécurité, ça allait. Certains industriels l’ont fait, il y a pléthore de labels. Mais par contre, adresser la question du salaire des travailleuses au Bangladesh, là, pour le coup, on entendait voler les  mouches. » Blaise Desbordes

Diffuser des alternatives concrètes pour une mode responsable et durable : c’est l’objectif de “Remode toi !”. Nous rencontrons aujourd’hui Blaise Desbordes, directeur général de Max Havelaar France, une ONG agissant pour un commerce équitable, respectueux des droits humains et de l’environnement.

Cette ONG, née en 1988, déploie un label éco-responsable dans différentes filières agricoles reposant sur un cahier des charges rigoureux pour garantir aux producteurs, provenant majoritairement de l’Amérique latine, de l’Afrique et de l’Asie, une sécurité face aux cours mondiaux, avec, entre autres, un prix de vente au-dessus de leur coût de production. Elle s’est également attaquée à labelliser la filière textile il y a une dizaine d’années pour améliorer les conditions de vie des travailleurs, qui relève d’une très grande difficulté due à la démultiplication des étapes de production externalisées par les entreprises de la mode. En outre, l’ONG développe des programmes pour que ces producteurs puissent investir dans leurs coopératives et sur d’autres pans de leur vie (santé, éducation, égalité homme/femme,…). 

Max Havelaar s’inscrit pleinement dans la dynamique des Objectifs de Développement Durable par le biais du partenariat en traçant des ponts entre les enjeux économiques, sociaux et environnementaux. Le plaidoyer est également au coeur des activités de Max Havelaar pour impulser des lois qui interdisent et qui protègent les producteurs. Nous développons tout cela avec Blaise et l’impact que nous, consommateurs, avons sur la vie de personnes à des milliers de kilomètres de chez nous ! Bonne écoute !

Références dans l’émission :

Le label Max Havelaar dans la filière coton https://maxhavelaarfrance.org/les-produits-fairtrade-maxhavelaar/coton-equitable/

Le Fashion Pact, Coalition d’entreprises de la mode et du textile pour s’engager vers une mode durable https://thefashionpact.org/?lang=fr

 

Ce podcast s’inscrit dans le cadre de la campagne sur la mode éthique et durable “Wardrobe Change” dans laquelle nous sommes engagés depuis janvier 2020 avec nos partenaires européens du projet MESA “Make Europe Sustainable For All”. Le projet Construire une Europe durable pour toutes et tous a bénéficié d’une aide financière de la Commission européenne. Son contenu relève de la seule responsabilité des partenaires du projet Construire une Europe durable pour toutes et tous et ne peut aucunement être considéré comme reflétant le point de vue de l’Union européenne.

 

Retranscription ci-dessous :

Bonjour Blaise, pouvez vous vous présenter à nos auditeurs et expliquer ce que vous faîtes avec Max Havelaar ?

Bonjour, je m’appelle Blaise Desbordes, je suis le directeur d’une ONG qui s’appelle Max Havelaar, d’une trentaine d’années d’ancienneté, présente dans le monde entier et dont la fonction est de mettre en lien des producteurs vulnérables, des producteurs pauvres, des travailleurs pauvres (souvent au Sud de la planète) avec des consommateurs un peu responsables au Nord. Et ce lien nous le faisons à travers un label qui est maintenant bien connu des consommateurs : le label Max Havelaar. Il permet de reconnaître un produit et de garantir que ce produit ait été cultivé et produit dans le respect d’un certain nombre de règles environnementales et sociales. 

 

En effet, je pense que nombre de nos auditeurs ont déjà vu ce label pour acheter notamment du café ou du chocolat. Le label Fairtrade/Max Havelaar que vous mentionnez est déployé dans différentes filières dont le coton, est ce que vous pouvez revenir sur ses critères d’obtention dans la filière coton ?

Et effectivement depuis une dizaine d’années, on a diversifié parce que souvent les planteurs de coton ressemblent aux planteurs de cacao ou de café : c’est-à-dire [que ce sont] des personnes avec de petites parcelles (en moyenne un hectare seulement) ayant diversifié leur production. Ils font du coton mais aussi des cultures vivrières et ils sont souvent dans les zones les plus pauvres de la planète. En l’occurrence, nous, pour le coton, on travaille avec huit pays dont plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest : Burkina Faso, Bénin, Mali, Sénégal, Ouganda plutôt en Afrique de l’Est, l’Egypte et puis en Asie avec l’Inde et le Kurdistan. Et dans toutes ces zones, on retrouve des petits planteurs très vulnérables qui subissent très difficilement la variation erratique des cours mondiaux. Et ce paradoxe vraiment terrible que ce sont ces petits planteurs qui nourrissent le monde – 1 milliard de gens nourrissent 7 milliards – et on leur fait subir un régime d’insécurité permanent. On leur propose souvent un prix au-dessous de leur coût de production et c’est un peu sur ce scandale que Max Havelaar s’est construit. 

Dans le coton ce qu’on a essayé de mettre en place ce sont les règles habituelles de Max Havelaar.

  • Premièrement, on calcule un prix qui soit au-dessus du coût de production.
  • Deuxièmement, le versement d’une prime de développement. Quand quelqu’un va acheter une tonne de coton, il va rajouter 10% et cette prime de développement va permettre aux petits producteurs d’investir dans leur avenir. C’est le producteur qui voit avec sa coopérative pour utiliser cette prime. Cette prime c’est presque 1 million d’euros qui vont vers une vingtaine d’organisations de producteurs de coton.

On parle d’à peu près 45 mille planteurs, ce n’est pas rien mais malheureusement, je le dis en toute modestie, nous touchons à peu près un millième de la production de coton dans le monde. 

  • Les autres critères sont des critères de conformité aux grandes conventions : essayer de respecter le droit de sécurité, le droit d’expression, le respect de la non-discrimination, l’interdiction [du travail] des enfants, la liberté d’association. Ce sont des grands principes qui sont largement adoptées dans quelques dizaines de démocraties mais qui ont parfois du mal à exister à cause de nous parce qu’on achète à des prix ridicules, ou parce qu’on achète dans l’opacité dans la plus totale, ou sans se poser de question sur comment on achète à des gens qui ne sont pas protégés.
  • Nous avons également un pilier de critères environnementaux : par exemple, on interdit totalement les OGM, il y a une prime supplémentaire si vous faîtes du coton biologique, il y a un certain nombre de garanties environnementales.

 

Est-ce que ce sont les coopératives qui viennent vous chercher pour être labellisés ?

Alors très bonne question,  alors il peut y avoir ça effectivement on a un bouche à oreille qui fonctionne pas mal sur le terrain. Quand vous voyez que votre voisin va toucher 50% ou 100% de plus pour sa balle de coton, vous vous dîtes “il a un bon filon celui là” et vous vous renseignez : il répond “je suis certifié Max Havelaar/Fairtrade, tu devrais faire pareil”. 

Le plus fréquent c’est : des industriels, des acheteurs de coton, qui se disent “j’aimerais bien avoir le logo en France, j’aimerais qu’il y ait le logo sur mes produits coton, donc je vais demander à mes fournisseurs si elle peut se certifier Max Havelaar”. Et dans ce cas là, les producteurs appellent le directeur de la coopérative, le responsable qualité, ou le responsable exportation, ils appellent le certificateur Max Havelaar qui s’appelle Focert et ils planifient ensemble une visite, un audit et ils rassemblent un dossier complet. Dès lors que tous les critères sont réunis, la coopérative a le droit de vendre aux conditions Max Havelaar et l’importateur va être obligé de payer le prix minimum.  Il va devoir se procurer le certificat de la coopérative lui-même, l’importateur va aussi se faire certifier et il va vendre à un industriel pour la confection du tissage ou du filage etc, jusqu’à ce que ça arrive dans un produit marqué coton certifié commerce équitable Max Havelaar.

Ça c’est pour la fibre, mais on a également développé un modèle pour les travailleurs c’est-à-dire ceux qui fabriquent les textiles.

 

C’est là où on voulait en venir justement, est-ce que vous pouvez aussi développer plus en détails ce standard sur le textile ? Car toutes les étapes de production des vêtements nécessitent beaucoup de mise en oeuvre donc pour certifier ce standard c’est finalement assez complexe.

Absolument, je crois que vous avez prononcé le mot qui convient « complexité ».C’est plus difficile que la production de fibres coton agricoles, ça on connaissait bien avec le café, le cacao etc. Là on parle d’usines, de logistique, de secteur extrêmement spécialisé au niveau mondial – chacun fait une petite tâche, c’est massifié et quand vous achetez un t-shirt dans votre boutique, vous avez un produit d’une complexité infinie finalement. Et nous de partir à la chasse dans cette jungle pour essayer d’avoir des partenaires pour un meilleur comportement à tous les échelons, c’est une difficulté immense. 

Donc la fibre on en a parlé, ensuite vous avez l’égrainage, le nettoyage, le cardage, le filage, ensuite le tissage, et ensuite la confection et à la fin le marketing, la vente etc. A tous ces échelons, si on veut mettre un label, on est obligé de retracer. Et donc notre cahier des charges s’adresse à ces entreprises qui doivent toutes le respecter pour obtenir leur certification Max Havelaar, et qu’ensuite le produit puisse avoir le label production de textile équitable. 

Alors on va retrouver dedans :

  • Premièrement : formation, autonomisation, renforcement des compétences des travailleurs.
  • Un volet d’apprentissage pour les jeunes.
  • Des critères d’exigences environnementales, notamment des listes rouges qui interdisent certaines molécules qui sont trop dangereuses.
  • L’inclusion des sous-traitants dans la démarche.
  • L’engagement des marques (à la fin), il faut qu’elles aient une politique d’achat et des prix équitables,
  • Et surtout, le grand sujet dans le secteur, c’est le salaire des travailleurs et des travailleuses. Personne n’ose regarder ce sujet en face, nous avons des produits à quelques euros tous les jours dans nos étalages parce que des gens sont payés au lance-pierre, en-dessous de ce qui est décent dans la filière textile à tous les échelons.

On a décidé d’imposer pour le label Max Havelaar textile, des salaires progressivement décents. Les usines doivent peu à peu augmenter les salaires sur une période de 5 ans pour atteindre ce qui est considéré, par des labos de recherche sur le terrain, comme un salaire correct. En imposant ce critère on a donné un énorme coup de pied dans une fourmilière : très très peu de marques, très très peu d’industriels ont accepté de rentrer dans cette démarche. On s’est rendu compte que faire des efforts sur tel ou tel aspect de la qualité, sur telle ou telle certification sécurité, tout ça ça allait, certains industriels l’ont fait, y a pléthore de labels, mais par contre adresser la question du salaire des travailleuses au Bangladesh là pour le coup on entendait voler les mouches. 

 

Et comment vous faites pour justement les amener à…

A accepter ça ? Et bien justement on a un industriel courageux en Inde, une industrie qui a réussi à trouver quelques acheteurs qui se sont engagés, et du coup on a une première usine qui a été certifiée avec des salaires corrects/décents. 3 ou 4 sont en cours de certification, mais on a pas du tout une adhésion massive et je vais vous dire pourquoi. 

L’industrie textile, pour évoluer, elle a besoin de donneurs d’ordres responsables, des gens qui vont commander, c’est eux qui ont le pouvoir. Et c’est ça qui nous manque aujourd’hui.

Aujourd’hui, notre espoir, c’est que [dans] toutes les dynamiques autour du Fashion Pact (vous avez entendu parler de ça au moment du one planet summit), il y a des grands industriels. La France est hyper bien positionnée, elle a signé le Fashion Pact. Le grand absent du Fashion Pact c’est un engagement à acheter équitable avec une promesse de vie décente pour les gens qui les font ces vêtements. C’est ça le grand non dit, l’éléphant au milieu de la pièce comme on dit en anglais. Et ça nous on lance un appel, on va essayer de rencontrer des responsables du Fashion Pact

 

Deuxième piste, on aimerait que la nouvelle loi Economie circulaire puisse nous aider à réunir tous les acteurs pour trouver des solutions dans ce sens-là. Nous on fait une proposition, on met sur la table le label Max Havelaar mais on espère beaucoup que ça ne se fera pas sans d’un côté les pouvoirs publics. D’autre part les grandes industries du textile et de la mode qui doivent s’engager. Et alors nous, ONG, on peut déployer nos experts et nos contrôleurs sur le terrain ; on peut commencer à payer des gens pour calculer des prix, calculer des salaires. C’est très complexe et cette complexité nous elle nous fait pas peur, mais on veut que ça marche à la fin. 

 

Et on a vu que pendant la pandémie, qu’on est toujours en train de vivre, le secteur textile a été un des secteurs les plus impactés par le ralentissement de la consommation dans certains pays et qui a mené à l’arrêt de la production dans d’autres. Avec Max Havelaar vous avez lancé une levée de fonds de soutien aux producteurs entre autres, comment est-ce que vous voyez évoluer la situation des producteurs vis-à-vis de la pandémie dans les mois qui suivent ?

Nous notre principale crainte c’est que les quelques 1 million 700 000 producteurs et travailleurs qui sont avec Max Havelaar, soient touchés là maintenant en décalage par rapport à nous par l’aspect sanitaire, soit tombent malades, ne trouvent pas les infrastructures. 

Notre action a effectivement été de créer immédiatement deux fonds d’urgence : 

  • Un fond pour financer les petites commandes qui changent tout, qui peuvent changer la vie : des gels hydroalcooliques, des masques, des parois de protection etc. Vous avez des petites unités elles ont même pas les 3000€ qu’il faut pour ça. Donc nous on a autorisé l’utilisation de fonds du mouvement Max Havelaar, on a rassemblé 2 millions d’€ immédiatement. Et on a déjà à peu près 100 ou 200 coopératives qui ont eu des enveloppes d’urgence. 
  • Deuxième mesure, un autre fond d’à peu près 2 millions d’euros pour que les responsables sur le terrain puissent investir dans la production de demain, plus compliquée avec la pandémie. Il va peut-être falloir ouvrir, je sais pas, des dispensaires, des distributions de protections permanentes sur les sites parce que les gens vont pas se les acheter, ils vont pas trouver forcément les pharmacies et c’est l’employeur qui va les aider ou la coopérative. Il va falloir sans doute adapter l’outil de production etc. 

 

Voilà ce que nous on peut faire en tant qu’ONG. Après la balle elle reste dans le camp des grands donneurs d’ordre, des grandes marques, des grands distributeurs. C’est eux qui doivent prendre la mesure que le monde est en train de changer et que demain la consommation doit être responsable, que les filières doivent être résilientes, c’est bon pour eux aussi. C’est pas qu’une histoire d’argent, c’est une histoire de soutenabilité globale pour nous tous, et les clients vont leur demander ça de plus en plus. 

 

[musique]

Merci pour cette réponse. Dans notre podcast on essaye de mettre en lumière les initiatives durables concernant la mode au regard des Objectifs de Développement Durable. Pour rappeler, les ODD sont un outil pour aider au développement vers un mode de vie plus soutenable et ils ont été constitués et sont désormais à la disposition des acteurs à toutes les échelles pour mener vers une transition vers des modes de vie et de consommation qui soient plus respectueux de l’environnement et des questions sociales.

Et pour atteindre ces objectifs, il est nécessaire de mesurer l’impact des actions qui sont réalisées à l’aide d’indicateurs, et en ce sens le standard Max Havelaar permet d’apporter cette transparence sur les impacts sociaux et environnementaux notamment des vêtements, en les indiquant en produit finis en magasin. On aimerait savoir quels sont vos positionnements pour faire avancer ce besoin de transparence, vous avez notamment parlé de la loi économie circulaire ?

Sur la transparence c’est très compliqué et à la fois très simple. Qu’est-ce qui est très simple ? Nous on se rend compte que, consommateurs, nous tous, on a pas tant de temps que ça au moment de passer à l’acte d’achat. Donc il faut une première réponse, et c’est pour ça qu’on a créé y a 25/30 ans ce label qui est un signe de reconnaissance dans lequel on a confiance, et quand on va le voir sur un produit il va orienter notre acte d’achat. Donc la transparence elle commence par une chose simple : un label. 

Il y a un deuxième niveau, c’est de rendre accessible, et maintenant c’est massivement sur internet, le plus possible d’informations sur comment on fait, pourquoi on fait, quels sont les impacts etc. C’est une priorité numéro 1 du mouvement Max Havelaar dans le monde. Nous voulons donner plus d’informations mais c’est aussi un défi parce qu’une fibre de coton elle traverse le monde et on ne peut pas lui mettre une puce électronique. Donc on peut dire quels sont les impacts mais on doit prendre en compte le fait qu’aujourd’hui la mondialisation est un immense champ de spécialisation, d’opacité, de logistique, de transport…  Donc le deuxième défi c’est d’apporter plus d’infos tout en subissant les contraintes de la massification des flux de matières et des chaînes d’approvisionnement. 

Après sur les impacts, pour nous les ODD c’est une magnifique histoire et une magnifique nouvelle. On s’est rendu compte avec cet agenda des Nations Unies que les ODD et Max Havelaar avaient à faire ensemble, parce que notre cahier des charges démultiplie les impacts sur au moins 8 ODD principaux voire plus. 

1/ Bien sur sur la pauvreté ODD 1 : quand vous dites je mets un prix minimum de protection, je crée une prime de développement social pour les plus pauvres des pauvres (c’est-à-dire le planteur au milieu de l’Afrique de l’Ouest), vous avez une machine anti-pauvreté extrêmement efficace et les résultats sont là : tous les ans ça accroît et y a plus de bénéficiaires. 

2/ ODD 2 Faim zéro : évidemment, par un meilleur revenu, les planteurs solvabilisent et vivent mieux dans leurs foyers. 

3/ Gender equality [ODD 5] : on a créé une école du leadership des femmes Max Havelaar en Amérique Latine, il y a 2/3 ans en Afrique de l’Ouest. Des responsables femmes viennent bénéficier de formations sur le leadership, sur l’assertivité. Elles vont demain prendre des postes à responsabilité, pourquoi pas dans des coopératives cotonnières alors que parfois soit les traditions, soit le cadre juridique, soit leur histoire personnelle les empêchent de faire ça.

4/ Bien sur on est connu pour l’ODD 12 (Production et consommation durables) parce que c’est des produits plus durables, plus responsables. 

5/ On défend également notre contribution à l’ODD 16. Le commerce non-équitable déstabilise massivement l’agriculture familiale. En économisant quelques centimes sur un vêtement, sur une pièce de tissu, sur un achat d’une balle de coton, vous croyez que vous faites du bon commerce parce que vous avez négocié mais en fait vous déstabilisez des gens fragiles et vous contribuez à l’instabilité dans le monde. Donc nous on revendique haut et fort notre contribution aussi à un meilleur équilibre dans les territoires, à des développements harmonieux et à la résilience des territoires et des populations. 

6/ Enfin l’ODD 17, c’est le coeur de ce que nous proposons. Max Havelaar ne produit pas lui même de coton, nous ne fabriquons pas nous mêmes des vêtements, nous proposons un partnership pour le développement.

Pour nous les ODD c’est vraiment l’agenda qui va bien d’autant qu’il mélange ce qu’on a fait depuis le début : les critères sociaux et environnementaux qui sont indissociables. Aider les gens à vivre mieux de leur travail (c’est un axe social et économique) avec en parallèle une amélioration agro-écologique de leur production et de leur parcelle. Si vous séparez les deux encore une fois vous prêcher dans le désert. 

 

Merci beaucoup pour ce développement sur chaque ODD, ça permettra à nos auditeurs probablement de mieux pouvoir se les approprier et les appliquer concrètement à ce que vous faites mais aussi à l’ensemble de la chaîne de fabrication et de distribution des vêtements textile. 

Max Havelaar a aussi des activités de plaidoyer. Vous essayez d’influencer les décisions des décideurs politiques, est-ce que vous pouvez nous développer un petit peu plus cette activité et auprès de quels acteurs institutionnels vous essayez de faire entendre vos ambitions ?

C’est l’ADN de Max Havelaar/Fair Trade que de faire du plaidoyer. La compétence commerciale est communautaire, donc c’est à Bruxelles qu’on est efficace. On a un petit bureau Max Havelaar de 3 personnes qui parlent aux députés européens, qui parlent aux fonctionnaires de la commission, qui essayent d’organiser des événements de sensibilisation. Mais en France croyez le bien on est aussi très présents dans les ministères et on propose de manière extrêmement tenace et on va continuer à le faire quelque chose qui je crois a un grand avenir : c’est le principe d’avoir des accords multi-parties prenantes. Le bon plaidoyer c’est celui qui amènerait à ce que tous les acteurs d’une chaîne de valeur se rendent compte que c’est ensemble qu’ils doivent se fixer des objectifs ambitieux sur le plan social, environnemental. 

Il faut qu’on convainque, qu’on rassemble, tu vas peut-être augmenter ta tablette de 2 centimes mais les consommateurs seront informés et ça marchera. Le plaidoyer c’est finalement beaucoup de patience, beaucoup de ténacité et pour nous c’est une des principales batailles. Parce que quand vous avez convaincu les gens dans leur coeur, et dans leurs convictions ou dans leur rationalité, après ils passent à l’acte. 

 

Merci beaucoup, c’était très intéressant. On va terminer par notre question rituelle, comment voyez-vous l’industrie textile en 2050 ?

Je vois une industrie sobre, je pense que c’est une des industries les plus créatives du monde et donc mettre un défi quand vous êtes créatif quelque part c’est pas forcément la fin du monde. On peut se dire que la sobriété et l’intégration d’un certain nombre d’externalités négatives : un salaire décent pour tous les salariés du textile ça serait un magnifique défi commun pour 2030. Et on peut le faire parce qu’un salaire décent c’est peut-être pas hors de portée. Je le vois : dignité, sobriété, et surtout créativité pour atteindre tous ces buts. Or, la créativité, excusez-moi, mais ça parle beaucoup aux gens de la mode. Donc ma vision elle est relativement optimiste. On peut difficilement faire pire donc allons-y, retroussons les manches et construisons cette industrie de la mode avant 2050.

 

Merci beaucoup c’était très intéressant de vous avoir dans notre podcast. 

Oui merci pour vos réponses, et merci pour votre message très positifs sur l’avenir et merci pour le temps que vous nous avez consacrés. 

Très bonne journée à vous !