Remode-toi ! #épisode 2 Les Canaux

Diffuser des alternatives concrètes pour une mode responsable et durable : c’est l’objectif de “Remode toi !”. Nous vous proposons une série d’entretiens avec des acteurs qui recyclent, réparent, réutilisent, revendent, révolutionnent et renouvellent notre rapport à la mode. Se remoder, c’est repenser la place du vêtement dans nos sociétés, c’est utiliser les ODD comme des outils de transformation vers un monde durable et désirable d’ici à 2030. C’est ce qu’on vous propose de découvrir avec notre deuxième épisode en compagnie de Manon Royer, Directrice Réseaux et Impacts des Canaux.

L’association 4D dans son podcast Remode toi! s’attache aussi à mettre en lumière les acteurs indirects de la mode éthique et durable. Ce deuxième épisode présente une structure de soutien et d’accompagnement aux porteurs de projet de la mode éthique et durable dans leurs ambitions. Dans cet épisode nous vous proposons d’aller plus loin pour comprendre la transversalité des projets sur la mode éthique et durable et la force du collectif. 

 

Né de la volonté de la Mairie de Paris de créer un lieu où pourrait se rencontrer et se réunir les acteurs de l’économie solidaire et innovante, les Canaux est aujourd’hui un acteur emblématique de cette économie engagée. A travers des programmes d’action et d’accompagnement, cette association démultiplie les forces en présence et développe l’écosystème des économies sociales et solidaires sur le territoire local, national et international. Le bâtiment est d’ailleurs le symbole de cette volonté de produire et créer autrement : il a été entièrement rénové et aménagé via économie circulaire, à partir de déchets réinventés, recyclés, réemployés. Le Projet des Canaux s’inscrit entièrement dans une démarche de développement durable en oeuvrant de concert à la fois sur l’humain, l’environnement, la solidarité, l’insertion sociale et professionnelle. Parce que la transition doit être radicale et toucher tous les pans de nos modes de vie, il est important d’inclure l’interconnection entre les domaines et les acteurs. 

C’est dans cette dynamique que les objectifs de développement durable peuvent aider à construire une transition durable et encouragent à aller plus loin en matière de bonne gouvernance, de transparence et d’intégration des critères sociétaux et environnementaux. En créant des partenariats pour faire du lien entre les acteurs de l’économie de demain, en sensibilisant sur les pratiques durables pour les consommateurs, en promouvant la formation par les paires, en participant à une meilleure transmission des savoirs, etc : Les Canaux agissent sur les interrelations entre les ODD et soutiennent les citoyens qui souhaitent s’engager dans la transformation de leurs modes de vie.

 

Ci-dessous les projets mis en place par Les Canaux en lien avec la mode éthique et durable : 

Les kiosques éthiques des Canaux : http://lescanaux.com/les-canaux-initiatives/les-kiosques-ethiques-ouvrent-leurs-portes/ 

La mode s’engage à l’Hôtel de Ville (Gaëlle Constantini, Les Récupérables, Constance Tabourga, Sofia Linares & Clarissa Acario, Isabelle Teste, Sakina M’sa, 17h10, Supermarché) : http://lescanaux.com/les-canaux-initiatives/la-mode-sengage-a-lhotel-de-ville/ 

Universal Love : http://lescanaux.com/les-canaux-initiatives/universal-love-association-engagee-pour-une-mode-belle-et-ethique/ 

La Révolution textile : http://lescanaux.com/les-canaux-initiatives/style-et-responsable/ 

Les festivals de la mode éthique et solidaire (Prochain festival prévu les 12, 13 et 14 juin) :  http://lescanaux.com/events/festival-de-la-mode-ethique-et-solidaire-2/

Les références dans l’émission

Les luminaires de l’artiste Junior Fritz Jacquet : https://juniorfritzjacquet.com/jfj/

Les tables d’Extramuros : https://www.extramuros.org/ ou d’À Travers Fil : http://atraversfil.org/ 

L’effondrement du Rana Plaza – Qui est responsable et pourquoi sont-ils morts ? Comprendre la filière d’approvisionnement en vêtements… de achACT :  http://www.ranaplaza.be/ranaplaza.php

Ce podcast s’inscrit dans le cadre de la campagne sur la mode éthique et durable “Wardrobe Change” dans laquelle nous sommes engagés depuis janvier 2020 avec nos partenaires européens du projet MESA “Make Europe Sustainable For All”. 

 

Le projet Construire une Europe durable pour toutes et tous a bénéficié d’une aide financière de la Commission européenne. Son contenu relève de la seule responsabilité des partenaires du projet Construire une Europe durable pour toutes et tous et ne peut aucunement être considéré comme reflétant le point de vue de l’Union européenne.

 

Retranscription audio ci-dessous :

Bonjour Manon et merci de nous accueillir aux Canaux aujourd’hui, est-ce que tu pourrais te présenter à nos auditeurs et expliquer ce que vous faites aux Canaux ?

Je m’appelle Manon Royer et je suis Directrice Réseaux et Impacts pour l’association Les Canaux. Les Canaux c’est un projet qui a été créé il y a un peu plus de 3 ans, impulsé par la Ville de Paris. Notre mission est de soutenir et fédérer tous les acteurs économiques qui mettent au coeur de leurs projets l’humain, l’environnement, la solidarité, l’insertion sociale, professionnelle partout en France. On les accompagne à travers des programmes qu’on conçoit et qu’on déploie sur l’ensemble du territoire. Des programmes de formation, d’apport d’affaire, de mise en relation, de structuration de filières économiques à impact, etc. Et après on soutient ces acteurs et on les met en réseau avec des collectivités, des institutions, des pouvoirs publics, des grandes entreprises, le monde académique et universitaire et des citoyens.

 

Qu’est-ce qui a été à l’origine des Canaux ? Comment s’est construit le projet ?

Ce projet était dans le programme de la précédente mandature de la Maire de Paris. L’idée était de créer un lieu où pourrait se rencontrer et se réunir les acteurs de cette économie engagée. Et puis finalement, le chemin faisant, le projet des Canaux s’est diversifié et aujourd’hui on accueille les acteurs qui le souhaitent dans notre bel espace, mais surtout on les soutient, les accompagne et les aide dans leur développement.

 

Ça s’inscrit vraiment dans une dynamique territoriale, qu’est-ce que vous faites en lien avec le quartier et plus largement par rapport à Paris ?

Le projet des Canaux il a tout de suite été pensé comme étant métropolitain, il n’était pas question de s’arrêter aux frontières du périphérique. Nos actions visent à renforcer l’ensemble de l’écosystème national : on va dans différentes régions de France pour présenter nos actions et pour accompagner les structures de l’ensemble du territoire dans leur développement. 

Après, on a toujours eu vraiment à coeur de s’inscrire dans notre territoire de très petite proximité, à savoir le 19e arrondissement, puisque dès le démarrage on a mené des actions en partenariat avec des écoles du quartier par exemple. Chaque été, on organise des événements sur le canal de l’Ourcq (puisqu’on est situé sur le bassin de la Villette), ouverts à tous mais forcément en priorité aux habitants du quartier. Et on essaye vraiment de les impliquer et de les sensibiliser aux sujets qui sont portés par les structures qu’on accompagne aux Canaux. 

 

On parle beaucoup des Canaux, c’est un lieu très particulier, est-ce que tu pourrais revenir sur ce que sont les Canaux, le bâtiment, et ce que vous en avez fait ? Quelle a été la logique pour transformer le lieu dans lequel vous être actuellement ?

Quand le projet des Canaux est né, on a cherché un endroit où s’installer. On avait plusieurs critères. D’une part, s’inscrire dans un quartier populaire, d’où le choix du 19e arrondissement. Ensuite, le Nord-Est parisien est en quelque sorte l’épicentre de cette économie à impact positif, donc c’était intéressant pour nous aussi de s’inscrire d’abord dans ce territoire. Et puis la proximité du canal de l’Ourcq, qui est un endroit très passant, donc ça nous permettait aussi de sensibiliser des gens qui ne sont pas forcément avertis ou qui s’intéressent a priori pas à nos sujets, ça c’était important pour nous. 

On avait identifié ce bâtiment, qui date du 19e siècle, dans lequel il y avait l’Administration des Canaux Parisiens, donc l’administration qui gère le canal Saint Martin, le canal de l’Ourcq, le canal Saint Denis, etc. Ils ont déménagé il y a dix/quinze ans et ce bâtiment était un peu laissé à l’abandon : des projets devaient prendre place et finalement ça s’est pas fait pour tout un tas de raisons. 

On a donc pu intégrer ce bâtiment, on était super contents mais après dix ans d’inoccupation il y avait des mouches, des rats, du plomb, de l’amiante, de la moquette rose partout et des dégâts des eaux dans toutes les pièces. La démarche de rénovation a été envisagée pour être la plus exemplaire possible. On s’est entourés d’experts, parce qu’on n’était pas forcément sachant sur ces questions. On a procédé d’abord à un diagnostic du site : qu’est-ce qu’on peut conserver, qu’est-ce qui doit être recyclé et si oui dans quelles filières de recyclage ? Si bien qu’avec cette méthode on est arrivé à 95% des déchets liés à la rénovation qui ont été triés, recyclés ou réutilisés sur le site. Et pour l’aménagement du lieu, qui fait quand même 1000m2 et dans lequel il y a chaque jour plus de 50 personnes qui travaillent quotidiennement et des centaines de personnes qui s’y réunissent, on a fait appel à une vingtaine de structures qui produisent du mobilier à partir de matériaux de réemploi. On a des luminaires qui sont faits en papier sulfurisé déclassé donc du papier cuisson, c’est des énormes rouleaux de 500 kilos qui sont écartés par des industriels et qui sont réinventés par un artiste qui s’appelle Junior Fritz Jacquet. On a des tables qui sont faites par des associations comme Extramuros ou À Travers Fil qui ont travaillées à partir du bois qui était présent sur le site, sur le bâtiment. 

L’objectif c’était surtout de montrer qu’on peut vivre et très bien vivre dans un monde où on a pas utilisé de nouvelles matières premières pour l’inventer ce monde, et le créer. 

 

Est-ce que c’était facile de trouver tous ces acteurs pour faire les chaises, les luminaires ?

C’était pas facile, mais on a fait ce travail de recherche. Par contre ça a été super facile de collaborer avec ces structures et de les faire collaborer entre elles puisque, j’invite nos auditeurs à venir visiter les canaux, il y a une vraie cohérence. C’est beau ce qui a été fait. 

A force de faire visiter cette maison à des délégations internationales, des élus, des représentants de grandes entreprises, on s’est rendu compte qu’il y avait un vrai intérêt pour ces produits mais que les carnets de commande de ces vingt structures étaient déjà pleins et qu’elles avaient des difficultés à changer d’échelle ou qu’elles ne le souhaitaient pas pour rester au stade d’entreprises familiales. 

C’est la raison pour laquelle on a créé un programme de structuration de la filière du mobilier de réemploi qui s’appelle le Booster Circulaire et vise à faire émerger partout en France des nouvelles offres et des nouveaux acteurs. Depuis dix-huit mois on accompagne quinze structures réparties sur l’ensemble du territoire national dans la conception et la production d’une ligne de mobilier en série. Et j’insiste sur le “en série” parce que ce qu’on veut faire aux Canaux c’est montrer que cette économie à impact elle peut rivaliser avec l’économie traditionnelle donc elle est capable de fournir de la petite, de la moyenne série, et bientôt on l’espère de la grande série.

 

C’est justement là où on voudrait rebondir, votre activité s’insère totalement dans l’Agenda 2030 et les Objectifs de Développement Durable dans le sens où vous travaillez, par l’intermédiaire de partenariats, avec différents acteurs de l’économie sociale et solidaire, pour parvenir à changer les modes de vies et de consommation et pouvoir ainsi introduire une transition vers un mode de vie plus durable. Et c’est exactement ce dont les Objectifs de Développement Durable aspirent. 

Vous être un peu une vitrine dans le sens où vous présentez tout un tas d’acteurs qui justement s’engagent pour l’économie sociale et solidaire. Sur quels objectifs vous intervenez au quotidien ?

Je fais juste une petite précision : aux Canaux, on accompagne les acteurs de l’économie sociale et solidaire mais pas que. On s’appelle d’ailleurs la Maison des Economies Solidaires et Innovantes. Cette terminologie nous permet d’embarquer tout ce qui est économie sociale et solidaire au sens de la loi française 2014 mais on va accompagner plus largement ce qu’on appelle les structures à impact sociétal. 

Sur les Objectifs de Développement Durable, c’est assez drôle puisque le deuxième événement grand public qu’on a organisé la thématique c’était les Objectifs de Développement Durable de l’ONU. On avait thématisé autour des dix-sept objectifs et chaque jour on faisait venir des structures qui adressaient un objectif : l’objectif numéro 2 sur zéro faim, le lendemain sur l’égalité entre les sexes etc. 

Même si indirectement on les adresse tous puisqu’on accompagne des structures qui vont les adresser, aux Canaux on adresse l’objectif 17 sur le Partenariat pour la réalisation des objectifs. Les Canaux sont un catalyseur en fait : on met en relation des structures à impact, avec des organisations avec lesquelles elles ont par forcément l’habitude de travailler (collectivités, pouvoirs publics, grands groupes notamment).  On est convaincu qu’il faut que ces organisations collaborent pour que l’économie sociale et solidaire et l’économie à impact positif montent en puissance. 

Après à travers nos différents programmes, nos différentes actions, on va adresser d’autres Objectifs de Développement Durable. Je pense par exemple à l’objectif 11 Villes et communautés durables. Je vous parlais tout à l’heure de notre programme Booster Circulaire qui vise à aménager des espaces avec du mobilier fait à partir de matériaux de réemploi : ça va dans cette logique.
Sur l’objectif 12 Consommation et production responsable, c’est ce qu’on fait à travers toutes nos actions de soutien au commerce éthique par exemple. On a organisé trois Festivals de la mode éthique et solidaire, et le prochain je donne rendez-vous les 12,13 et 14 juin aux Canaux. Mais par ailleurs, on a mis en place, à une échelle micro-locale, la sortie de métro Stalingrad, un programme qui, on l’espère pourra être répliqué dans d’autres endroits en France. Le principe est d’inventer des nouveaux commerces de proximité dans des quartiers populaires à des prix abordables, mais où des commerçants s’auto-organisent pour partager un espace. Donc ils diminuent les coûts, notamment RH parce que ça coûte très cher en coût RH d’avoir une boutique qui est ouverte 6 jours sur 7 par exemple. Donc ils mutualisent cet espace et ils vendent leurs produits. Donc par exemple dans les trois kiosques éthiques qui sont installés à la sortie du métro Stalingrad, on a de l’alimentation durable en circuit court, des produits d’agriculture urbaine (comme du miel fabriqué à Paris), des fleurs qui sont plantées, cueillies et assemblées en Ile de France, etc. Il a une offre assez large et l’idée c’est vraiment de réinventer ces nouveaux commerces de proximité et d’offrir, encore une fois j’insiste parce qu’on est dans un quartier populaire, à des prix accessibles des produits qui soient meilleurs pour la santé des consommateurs et plus respectueux de l’environnement et de la planète. 

 

On peut prendre aussi en compte l’objectif sur l’éducation de qualité (ODD 4) puisque vous proposez beaucoup de formations, aussi à destination de personnes qui sont pas forcément porteurs de projet pour acquérir de l’aisance sur la communication, comment construire son business model etc.

Tout à fait, il a plusieurs ateliers. D’une part, tous les mois on organise un atelier qui dure une journée pour tous les gens qui se posent des questions autour de l’entrepreneuriat à impact, qui ont potentiellement une idée de projet mais qui savent pas trop comment se lancer, par où commencer, etc. Il y a une technique d’animation et des échanges aussi, parce que c’est important quand on est un entrepreneur en devenir de voir qu’il y a d’autres gens autour de nous qui se posent les mêmes questions, ça rassure et ça permet de s’appuyer sur l’expérience des autres. 

D’autre part, chaque année, on forme plus de 600 structures gratuitement sur tous les métiers de l’entrepreneuriat. Ces formations sont animées par nos partenaires : par exemple, untel est expert de la mesure d’impact et donc vient donner de son temps. C’est des formations généralement de trois heures en matinée pour une vingtaine de structures et de porteurs de projet qui vont pouvoir poser des questions à l’expert. Je parle de mesures d’impact mais on a des formations sur les statuts juridiques, la communication, la prise de parole en public, les modèles économiques etc. 

En effet, on peut considérer qu’on adresse aussi cet ODD.

 

On voulait aussi revenir sur le fait que les ODD sont construits avec des cibles à l’intérieur, en fonction des Objectifs de Développement Durable, il y en a de cinq à une vingtaine de cible. Entre autres, à l’intérieur de l’ODD 12 sur la Consommation et la production responsables dont tu viens de parler, il y a la cible qui porte sur le fait de, d’ici à 2030, encourager les entreprises à adopter des pratiques viables. Et du coup on voulait savoir ce tu avais à dire par rapport au fait d’encourager les entreprises à adopter des pratiques viables : faut-il en faire plus ? tes attentes…

Comment les pouvoirs publics encouragent d’après moi les entreprises à adopter des pratiques durables ? Alors il y a plusieurs choses. 

Le gouvernement, à travers l’initiative French Impact par exemple, porté par le Ministère de la Transition Écologique, met beaucoup de projecteurs sur des entreprises qui sont déjà structurées, en proposant des offres qui peuvent vraiment rivaliser avec des entreprises conventionnelles du même secteur d’activité. C’est intéressant de montrer ces success stories, de les mettre en lumière, de les valoriser. Je pense qu’on n’est pas sur une action de communication veine, au contraire, on est en train d’inspirer des gens et de montrer que c’est possible. Moi je crois beaucoup à l’exemple par le portrait, c’est à dire montrer la réussite de tel entrepreneur, de telle structure. 

Après, nous on est en parti subventionné par des fonds publics donc soutenir des structures comme les Canaux qui soutiennent indirectement toutes ces structures qu’on accompagne chaque année, ça a un impact. 

Après, vous discutez avec d’autres personnes, elles vont vous dire que les subventions s’amenuisent comme peau de chagrin. Je ne suis pas une femme politique. Je pense qu’il y a des vrais enjeux pour consolider, structurer tout cet écosystème.

A mon avis, là où devraient investir les pouvoirs publics notamment, c’est sur cet aspect de mesure d’impact social environnemental. L’indicateur financier ne doit pas être le seul et l’unique qui doit prévaloir. De plus en plus d’entreprises s’intéressent aux critères extra-financiers et notamment à l’impact qu’on peut avoir sur la société, l’environnement, la création du lien social. Ça aujourd’hui c’est peu valorisé et il me semble que les pouvoirs publics pourraient favoriser le développement de méthodologie autour de la mesure d’impact. 

 

Dans l’Agenda 2030, les Objectifs de Développement Durable sont aussi couplés aussi une logique d’inclusion. L’idée est d’arriver vers un monde durable et désirable sans laisser personne de côté. Vous, dans votre travail au jour le jour, avec le projet des Canaux, vous avez intégré cette dynamique de non exclusion ?

Oui, par exemple on travaille sur un grand projet autour des Jeux Olympiques de Paris 2024 et on accompagne le comité d’organisation de Paris 2024 dans la réalisation des premiers jeux inclusifs et solidaires de l’histoire de l’olympisme. C’est se dire très concrètement sur les 7 milliards d’euros de marché qui vont être mis en jeu : comment on fait pour que 25% de ces marchés soient alloués à des structures de l’économie sociale et solidaire et que 10% du volume total horaire de cet événement soient réalisés par des personnes à insertion. Nous on croit beaucoup, par exemple, aux leviers de la commande publique pour forcer un peu les choses.Evidemment qu’on n’est pas dans une société totalement inclusive, qu’il y a encore plein de choses à faire mais ça passe aussi par répartir les marchés et se partager le gâteau.

 

Merci beaucoup, on va terminer notre émission en te posant une question un peu prospective : comment tu perçois la mode en 2050 ?

Ce que je peux dire c’est que chaque année, donc là par exemple ça va la quatrième édition de notre Festival de la mode éthique et solidaire, on voit qu’il y a de plus en plus de gens qui s’intéressent à ce sujet, notamment la jeune génération. On est très conscient des impacts très négatifs de la fast fashion. Il y a eu des grands scandales, comme le Rana Plaza, qui ont largement sensibilisé les gens. Je pense que les habitudes de consommation évoluent dans le bon sens : on achète moins, on achète mieux, on fait attention à qui produit nos vêtements, leur impact sur l’environnement, etc. Et puis ce qu’on voit et ça c’est vraiment formidable, c’est que de plus en plus d’entrepreneurs (quand je dis jeunes c’est pas au sens de leur âge, mais au sens de projets qui démarrent) qui proposent des vêtements faits à partir de nouveaux matériaux : les cuirs végétaux, les teintures végétales, des produits aussi plus durables, etc. . J’espère que la mode en 2050, elle sera plus humaine, plus responsable, et qu’elle sera quand même toujours aussi belle : parce que c’est à ça que ça sert la mode, c’est à mettre les gens en valeur et à leur donner confiance en eux. Si on peut allier esthétisme et inclusion et préservation de l’environnement c’est formidable. 

 

Merci beaucoup, merci pour cet entretien.

Avec plaisir.