Journal de bord #COP22 : le jour où on a fait le lien entre la COP 22 et le grand public

Marrakech, quartier de Bab Ighli, COP 22. La Zone Verte, est un espace dédié au grand public, voisin de celui des négociations entre les Etats. Se succèdent des stands, des conférences et des agoras. C’est l’occasion pour les visiteurs, essentiellement marocains de découvrir les acteurs du climat, de comprendre les solutions, l’approche genre, les savoirs locaux, les avancées en terme d’éducation[1]. Il y a à côté de ces allées pour la société civile aussi des stands business et innovations. Il y a d’ailleurs une parole forte de la société civile en dehors de Bab Ighli. Ce qu’il faut voir de tout ça : une mise en mouvement de tous les acteurs pour lutter contre le réchauffement climatique.

 

Cette diversité est riche de solutions, disons le ainsi pour le moment pour conserver une dynamique de mise en oeuvre après le temps politique avec l’Accord de Paris, premier accord universel sur le climat. En cette période d’incertitudes, la dynamique est cruciale. Et on n’arrivera pas à régler tout ça, sans les gens. C’est le propos de Our Life 21.

 

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Le 7 novembre nous étions au coeur d’une agora Cultures et Traditions. David du Togo annonce tout de suite la couleur, les récits de Our Life 21 à la main. “C’est bien de parler des familles, ce n’est pas qu’une question technologique, tout ça. Les paysans doivent aussi comprendre ce qu’ils peuvent faire en restant paysan chez eux”. Se sont ensuite succédés nos conteurs, en premier Driss Hachimi (AESVT), qui a lu le récit de Mahmed, agriculteur du Riff. Son histoire a fait réagir l’assemblée. La pression hydrique ?… ils connaissent au Maroc ! Un enseignant des alentours de Zagora, s’est projeté. Si rien ne change, ses amis quitteront le village car le manque d’eau rendra les conditions de vie difficile. Nous avons parlé des solutions d’adaptation en termes agricoles, de gestion de l’eau, de petites unités photovoltaïque renouvelables… Notre enseignant conclut : il peut envisager un futur désirable après tout ça, en restant dans sa région du Sud, ses paysages minéraux, le désert tout proche. D’ailleurs 4D a une histoire qui s’écrit dans cette région, en zone aride à près de 100 de km d’Ouarzazate dans l’oasis de Mezgarne, avec une famille de 11 personnes, trois générations. Leur vie va prendre une autre direction quand ils vont cultiver du safran, l’or rouge du Maroc. A suivre

 

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Yoann (4D) a ensuite lu le récit de Bouba, jeune homme vivant dans le bidonville de Pikine, dans la région de Dakar. Les prises de micro ont été nombreuses après ça. Il ne s’agit pas de reconstruire sur l’habitat informel et de chasser les habitants qui deviennent des “deguerpis”, mais de trouver des projets qui incluent les gens. Des projets comme les mène le réseau ENDA. En 2050 le quartier de Pikine pourrait revoir des arbres, des petits immeubles de 3 étages, où se sont posées pour de bon les familles, où les constructions locales ont profité aussi à la formation des habitants. La ville durable c’est les savoirs, les liens entre les personnes, le patrimoine social.

 

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Nous sommes ensuite partis dans la région parisienne de 2050, quand j’ai lu le récit de Katya. Cette mère célibataire est dans une situation différente. Nos deux premières familles vont trouver dans la transition énergétique de leur pays, les conditions d’un développement bas carbone, qui va les amener à émettre plus qu’aujourd’hui, mais en restant sous un seuil acceptable de 2 degrés (1,6t eqCO2 par pers). Katya est dans un pays qui doit diviser par 4 ses émissions de gaz à effet de serre. Mais elle émet aujourd’hui déjà moins que la moyenne française. On a souhaité témoigné de ces situations au sein de Our LIfe 21. Katya va continuer modestement à trouver des solutions au quotidien, pour joindre les deux bouts, pour trouver du temps libre avec sa fille, pour se déplacer facilement chez ses patients… Katya est infirmière… “ça gagne pas des masses non plus”… mais dans les stratégies qui se mettent en place au niveau du grand Paris, les futures infrastructures et cette économie du partage qui se propage… Katya et sa fille vont diviser par 2,2 ses émissions. “Et ça va bien pour elles”.

 

Collette, canadienne ou Wuang Yuan, notre partenaire sur les familles chinoises l’an passé, ont témoigné de cet objectif commun, de maintenir le changement climatique en deçà de 2 degrés, pour l’ensemble des pays, avec des trajectoires différentes selon l’endroit, les conditions de départ.

 

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Pendant 1h et demie, nous avons ressenti cette énergie commune, et nous avons apprécié que des personnes des 4 continents réagissent aux histoires, parlent avec leur coeur, leur peur parfois. Elles existent mais les solutions des uns peuvent aider les autres. Tous entendent raconter une histoire humaine.

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Vaia Tuuhia

 

1- L’enjeu des Oasis, avec le stand du Cari ou le rôle spécifique des femmes dans la transition énergétique et climatique avec les interventions de WECF, ou encore faire le lien entre éducation à l’environnement et vie de tous les jours auprès du réseau de l’AESVT, nos partenaires marocains.