Retours sur l’épisode #1 des Mardis de 4D

Le 21 mars avait lieu le grand retour des Mardis de 4D, dans l’écrin de la Bellevilloise, ces événements qui avaient une place majeure dans la sphère des acteurs du développement durable.

Alors pour cette édition, nous avons repris les bases : des échanges et des experts en leur domaine. Et nous nous sommes permis un coup de modernité à ces bases bien ancrées : un temps participatif avec tout l’auditoire et une diffusion en live.

 


Retour sur cette soirée inspirante et participative du Mardi 21 mars 2023

La prise de hauteur sur les enjeux actuels

Dès 19h la soirée est lancée avec Benoit Simon, président de l’association 4D, qui présente le fil rouge des Mardis de 4D de cette année, placé sous la question de la transition économique et environnementale des modes de production et de consommation. 

« 4D c’est construire un savoir et une expertise autour du développement durable et de l’ancrer dans les territoires. De faire revivre les Mardis de 4D, c’est donner un nouveau souffle à l’association car nous avons besoin de plus de dialogues dans cette société confrontée à une longue et difficile transition.»

 

Puis Virginie Raisson-Victor, prend la parole pour nous amener à prendre de la hauteur et à réfléchir sur la synthèse du rapport du GEIC qui venait de sortir.

Si on devait retenir quelques points du rapport du GIEC de Mars 2023 :

  • D’ici 10 à 20 ans, le réchauffement de l’atmosphère dépassera +1.5°. Nous avons besoin d’une politique d’atténuation et nous allons devoir nous adapter à ce nouveau climat. 
  • Il reste possible de réduire les températures si on s’engage dans la voie du “zéro émission de CO2”. Il faut un engagement des pouvoirs publics, des entreprises et des citoyens. 
  • La lutte contre le changement climatique ce n’est pas que réduire les effets de serre mais c’est aussi préserver les écosystèmes et la biodiversité.

Aussi, ce que ne dit pas la synthèse, c’est que ce n’est pas la première fois qu’une civilisation est menacée de disparaître à cause de son exploitation excessive des ressources de son milieu. Il y a eu les romains, les khmers, les mayas… Mais c’est la première fois que la civilisation en a conscience et qu’elle a les moyens de renverser la tendance !”

 


L’importance du Grand Défi

Virginie Raisson-Victor nous explique également l’importance du Grand Défi et la mobilisation des entreprises sur ce sujet.

“La transformation des entreprises c’est le socle de la société car on a besoin des entreprises. Le Grand Défi est une façon d’amorcer cette transformation collective de manière ascendante et non descendante.”

 

Valérie Brisac et Jérôme Cohen, respectivement directrice exécutive et cofondateur du Grand Défi, embrayent sur ce sujet et nous expliquent d’abord comment le Grand Défi s’est créé. Notamment grâce à la constitution d’un écosystème crédible, légitime et représentatif du tissu économique français. Ce qui a permis une constellation de délégués qui donnent de la force au projet. Après plusieurs sessions de travail, 100 propositions ont été inscrites et validées.

“100 propositions qui se divisent en 2 grandes catégories :

  • La transformation interne : ce que peuvent mettre en place les entreprises.
  • La transformation externe : les réglementations et les évolutions dans le Monde autour de l’entreprise.”

 

Et ce qu’il est important de retenir de ce processus de travail, c’est la dimension d’intelligence écosystémique autour des entreprises. Tout est lié.

La transition du monde économique n’aura lieu que si on arrive à rendre le modèle de l’entreprise plus citoyen et plus politique.”

 


La présentation des deux propositions : Loi Publicité Environnement et Comptabilité Triple Capital

Alice Le Boedec prend le relai et nous plonge dans le Futur… 

“Fermez les yeux et imaginez vous dans le futur. Vous êtes sur le quai du métro parisien. Et votre regard n’est pas happé par des affiches publicitaires sur les murs, mais par des affiches mettant en avant la culture, l’art, des musées ou des expositions. Vous appréciez ce moment, vous êtes de bonne humeur et vous vous demandez ce qui a tant changé dans votre vie pour ré-apprécier ces moments dans le métro ou même vos balades citadines. La réponse est : l’instauration de la fameuse Loi Publicité Environnement qui a fait tant parler !”

 

Alors quid de cette proposition ? L’idée est de réglementer la publicité en fonction de l’impact environnemental des produits et des services. A l’instar de la Loi Évin qui réglemente l’alcool et le tabac, la Loi Environnement Publicité réglemente les produits nocifs pour les écosystèmes et pour la biodiversité. 

“Cette Loi signerait la fin de la publicité à outrance qui promeut la surconsommation.”

 

Au tour de Valentine Stichelbaut de présenter la proposition sur laquelle, avec d’autres délégués, elle a travaillé.

“Il est important de regarder l’économie, l’écologie et le social et d’intégrer ces 3 pans dans l’entreprise, dans sa comptabilité et dans son bon fonctionnement. Par exemple : si pour la construction d’une nouvelle usine, 10 hectares sont artificialisés, l’idée est de contrebalancer cette donnée en désartificialisant 10 hectares ailleurs.“

 

Le but de la proposition Comptabilité Triple Capital est d’avoir une vision complète de l’entreprise et de se rendre compte de sa place sur la Planète.

 


Mathieu Jahnich et Alexandre Rambaud : les grands témoins de la soirée

Pour échanger, challenger et réfléchir sur ces propositions, Mathieu Jahnich et Alexandre Rambaud se sont joints à nous.

 

Mathieu Jahnich, consultant en communication responsable, rebondit évidemment sur la proposition touchant à la publicité.

“Le secteur publicitaire va avoir un rôle crucial et positif : 

  • Il est en mesure de réduire la sur-exposition à la publicité.
  • Il est en mesure de proposer des publicités pour des produits moins impactants pour la planète.
  • Il est en mesure de valoriser et/ou de rendre plus facile l’accès à la publicité pour les produits/services à faible impact.”

Il émet aussi quelques freins à la régulation de la communication et de la publicité. Le premier concerne la croissance des entreprises qui se fait notamment par le biais d’actions publicitaires. Le second est sur le financement des médias qui dépend en grande partie de la publicité.

Alors deux questions se dessinent : comment accompagne-t-on les entreprises dans cette transition ? Et comment assure-t-on la pluralité médiatique ? 

 

Dernière prise de parole avant le moment d’échanges en groupe et de restitution, Alexandre Rambaud nous parle de la comptabilité responsable. 

La comptabilité est plus qu’importante car elle est présente dans toutes les civilisations humaines. C’est ce qui structure les activités.

Il nous dit que la comptabilité c’est mettre des choses dans des cases, et nous pose immédiatement la question “Mais quelles choses quand quelles cases ?”. 

Alexandre Rambaud nous propose plusieurs pistes de réflexions :

“Pour ce qui est de l’Humain et de la Nature dans la comptabilité, comment on les prend en compte ? 

  • On prend en compte leurs productivités pures ? Ce qu’ils apportent à l’entreprise ? 
  • On prend en compte leurs places dans la société et leurs rôles dans les écosystèmes ?
  • Comment on représente la Nature dans un bilan ? 
  • On définit ce qu’elle apporte en termes de valeur sur le marché ?
  • On prend en compte la manière qu’elle a de se dégrader ? 
  • On prend également en compte les actions qu’on a dessus ?”.

 


Ce qu’il faut retenir

Pour le groupe qui a restitué ses échanges sur la Loi Publicité Environnement : 

  • Les membres étaient partagés sur la faisabilité de la proposition, allant de “moyen” à “compliqué”.
  • Pour la difficulté à faire passer cette proposition et sur sa capacité à transformer notre société, les avis s’accordent : ce serait compliqué à mettre en place mais il y a un vrai potentiel transformateur.
  • En partant de la Loi Evin, chacun s’est remémoré le passage de cette loi qui s’est appliquée rapidement.
  • Quelques freins ont été relevés, notamment sur le fait que la publicité arrive en bout de chaîne d’une entreprise, c’est donc le reflet d’un mode de production et c’est ce dernier qui doit évoluer. Les entreprises vont devoir se poser la question “à quoi je suis prêt à renoncer ?”. 

 

Pour les groupes qui ont travaillé sur la Comptabilité Triple Capital : 

  • Les membres sont d’accord sur la faisabilité et la difficulté de mise en place de la proposition : ça semble réalisable mais la tâche va être difficile. 
  • Pour ce qui est de la capacité de la proposition à transformer notre modèle, l’avis est partagé : certains pensent que oui, d’autres pensent qu’il y a d’autres mesures plus pertinentes. 
  • C’est une proposition intéressante pour la gestion des flux. Pour l’économie circulaire et régénérative, c’est une solution qui permettrait d’apporter de la transparence dans les entrées et les sorties d’une entreprise.
  • Il va falloir une volonté politique forte pour que cette proposition prenne vie. 
  • Cette proposition touche à la valorisation des entreprises, c’est un vrai levier si les politiques s’appuient dessus.

 


Pour (re)vivre cette soirée comme si vous y étiez, rendez-vous sur le replay : https://youtu.be/yVLfzhYw2qU

 

Nous vous donnons rendez-vous le Mardi 20 juin, pour le Mardi de 4D #2.

Avec pour sujet principal, les éco scores. Nous vous proposerons de revenir sur les évolutions de deux grands secteurs économiques français, celui de la mode et celui de l’agriculture et de l’agro-alimentaire.

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