4D soutient la tribune signée par une quarantaine d’ONGs rappelant que l’accès à une eau potable et des systèmes d’hygiène pour tous n’est pas encore une réalité et fait partie des moyens essentiels de la lutte contre le Covid 19.
« Santé et environnement sont étroitement liés. L’air via les particules en suspension et l’eau sont deux vecteurs privilégiés des maladies. Jusqu’aux grands progrès de l’hygiène publique à la fin du 19e le siècle, l’eau était un facteur de contamination majeur que ce soit par l’eau potable, les rejets d’eaux usées ou les infections transmises par les eaux courantes. Aujourd’hui encore dans les pays pauvres l’eau reste un facteur de mortalité majeur : les dysenteries restent la cause de mortalité principale des jeunes dans beaucoup de pays africains et l’actualité se fait l’écho périodiquement d’épidémies de choléra dans des zones surpeuplées d’habitat insalubre. Les progrès des connaissances sanitaires et des techniques ont montré dans nos pays la capacité de nos sociétés à faire face aux principales maladies infectieuses liées à l’eau et d’ assurer une distribution en eau potable sûre; parallèlement en matière environnementale nous avons mené des actions pour reconquérir des milieux aquatiques qui étaient profondément dégradés De ce point de vue action sanitaire et environnementale sont apparus très complémentaires et les alertes sanitaires sont souvent l’indicateur efficace d’alertes écologiques qui peinent parfois à émerger face aux contraintes économiques. Ce sont généralement les populations les plus pauvres qui sont menacées Aujourd’hui nous devons faire face à de nouveaux défis et notamment tous ceux liées aux diverses pollutions chimiques d’origine industrielle ou agricole qui contaminent nos milieux et minent notre santé. Au delà des effets liées à l’eau, l’actualité des 40 dernières années montre la multiplication de maladies virales dont le Coronavirus est une des manifestations et dont l’origine fait encore débats, mais semble sûrement liée aux nombreux effets induits de la mondialisation, démographie, accélération de la circulation des hommes, des animaux et des marchandises, effets qui devraient nous encourager à promouvoir de nouveaux modèles de développement plus « soutenables ». Dans le cas actuel, l’eau n’est pas pas le vecteur majeur de transmission du Cornoravirus, l’accès à des sources d’eaux saines n’en est pas moins essentiel car l’incapacité de populations importantes d’avoir accès aux mesures d’hygiène élémentaire est sûrement un facteur très aggravant : il est ainsi, un peu illusoire de lancer de grandes campagnes pour inciter les gens à se laver les mains régulièrement quand on n’a qu’un accès limité à des sources d’eau propres et saines.
Le secteur de l’eau apparaît au cœur des liens entre les objectifs de développement durable pour lesquels des compromis plus sérieux devraient être promus entre les besoins de multiples activités humaines et économiques et les contraintes attachées à la protection de nos équilibres sociaux, sanitaires et environnementaux à court et long terme. »
Jean Luc Redaud- administrateur de 4D
L’accès à l’eau pour tous constitue un des 17 objectifs de développement durable (ODD6): on estime, aujourd’hui qu’environ 2 milliards d’habitants n’ont toujours pas accès à une ressource en eau potable saine et que la moitié de la population mondiale n’a pas accès à un système d’évacuation des eaux usées. De graves situations de défaut d’équipement subsistent dans certains de nos département d’outre-mer et sur la métropole elle -même des populations subissant des conditions de vie précaires (migrants, sdf, etc) ne bénéficient pas d’un accès à une eau potable et à des systèmes d’hygiène.
La tribune dans Libération https://www.liberation.fr/debats/2020/05/13/covid-19-et-eau-potable-l-etat-en-premiere-ligne_1788154