Le manifeste de la Fabrique des transitions

VERS UNE FABRIQUE DES TRANSITIONS

Nous faisons face à une crise systémique : écologique, climatique, sociale et démocratique, économique…

Des solutions existent, nous les incarnons et parfois depuis longtemps, mais nous ne faisons pas encore suffisamment système.

Faire système, ce n’est pas s’enfermer, c’est être en relation dans un système ouvert et démontrer que ce que nous faisons a beaucoup de valeur.

Une pluralité de communautés pensent et agissent pour un autre modèle de développement, sobre, durable, renouvelable, résilient.

Les territoires à énergie positive, les collectivités Cit’ergie, les Un Plus Bio, les Cocagne, les économies sociales et solidaires, les économies de la fonctionnalité et de la coopération, le développement local, rural, social, les paysages de l’après-pétrole, les collectifs en transitions et tous ceux qui ne disent pas leur nom…

Ces communautés rassemblent des collectivités, des élus et des agents, des opérateurs économiques, des citoyens…

Elles font « territoire », chacune à leur manière avec des résultats incroyables. Mais elles ne font pas système.

Elles agissent chacune à leur manière. Avec leurs cadres de pensée et d’action. Mais elles ne font pas système.

Elles ne font pas système parce qu’elles se trouvent en concurrence les unes avec les autres, pour l’accès aux ressources.

Elles se contorsionnent pour entrer dans des cadres alors qu’elles sont ensemble le cadre de la transition.

C’est un piège du fait de la posture politique descendante, normative de l’Etat, du mode de travail hérité de la révolution industrielle, divisé, compartimenté, mais aussi, du fait de notre manque d’organisation collective.

La coopération est un travail. Qui résiste et ne se décrète pas.

La transition fourmille mais ne peut être dirigée. Elle doit être facilitée, accompagnée et soutenue.

Pour cela, nul besoin d’une organisation parapluie, qui chapeaute, qui parle au nom de…

Nous devons nous organiser en communauté inter réseaux, inter territoires pour reconnaître ce que nous sommes, pour peser ensemble, pour nous outiller,

Pour mettre au travail nos différences, parfois nos contradictions, pour nous soutenir mutuellement…

C’est le sens de la Fabrique des transitions, une alliance des acteurs de la transition, en plusieurs centres et plusieurs lieux à la fois dont les alliés prennent en charge ce travail de coopération.

Un archipel, pour agir principalement à quatre niveaux :

  1.   Promouvoir et soutenir les communautés apprenantes et agissantes ; sans renier leur identité, leur histoire… En inventant une identité commune. 
  2.   Structurer une forme d‘ingénierie systémique pour accompagner les écosystèmes territoriaux en transition, qui le demandent, qui démarrent ou veulent changer d’échelle. 
  3.   Développer des dispositifs de formation pour créer des ponts, des passerelles, nous relier, outiller les acteurs et appuyer ce changement d’échelle. 
  4.   Installer des recherches participatives et investir dans les retours sur expérience pour améliorer l’action en transformant nos cadres de pensée. 

Cette fabrique est déjà là. Elle s’illustre à travers les propos, la manière de faire et les dispositifs opérationnels des différents acteurs, quand ils agissent concrètement en coopération.

Elle s’étend pour l’instant à une quinzaine d’alliés rassemblés dans un tiers espace : un espace qui nous permet de travailler à mi chemin entre notre organisation d’origine et la visée politique d’une transition qui fasse système.

Des acteurs pluriels y fabriquent leur moyens d’aller plus loin : des réseaux, des « acteurs » des territoires, de l’Etat aussi, qui cherchent comment dépasser les antagonismes et imaginent des formes mutualisées d’action au plan national.

« Il n’y a pas de bon vent pour le marin qui ne sait pas où il va« , disait Sénèque.

Nous sommes à ce moment de l’histoire où le vent se lève. Et nous savons où nous allons si nous ne faisons rien ou continuons simplement comme avant.

Cap sur les transitions !

Vaia Tuuhia, 27 avril 2020