La Semaine Européenne du Développement Durable 2019 (SEDD), qui s’est déroulée du 30 mai au 5 juin, a été l’occasion de voir fleurir de nombreux événements citoyens à travers toute l’Europe. Car, plus que “les chiffres institutionnels faits de pourcentages ou tonnes CO2” que l’on assène aux gens à propos des déchets, des litres d’eau, des émissions… des données qu’ils trouvent souvent désincarnées et leur font dire “C’est bien, bel objectif ! mais ça m’évoque rien de bien concret sur mon rôle et celui des autres”, agir pour le développement durable passe aussi par des actions de proximité, concrètes et humaines, au quotidien, comme en a témoigné cette semaine là.
- De la musique et des ODD
Le festival We Love Green s’est tenu les 1er et 2 juin, en plein cœur de la SEDD (dont il est partenaire) et du bois de Vincennes. Il a été l’occasion pour 4D, en partenariat avec le Ministère de la Transition Écologique et Solidaire, d’établir un dialogue direct avec les gens, surtout de jeunes adultes, plus ou moins au fait des Objectifs de Développement Durable.

Sur notre stand du village associatif, les couleurs des objectifs onusiens attirent l’oeil, certains festivaliers expliquent à leur amis de quoi il s’agit, d’autres nous parlent de leurs études ou activités en lien avec les ODD. Mais généralement, tous sont surpris, positivement ou négativement, par les informations que nous leurs apportons. En choisissant souvent les réponses les moins réjouissantes du quiz que nous leur proposons, la plupart font ainsi preuve d’un certain pessimisme quant à l’état du monde et face aux inégalités sociales et environnementales qui ne cessent de croître. Un groupe de jeunes festivaliers nous demande, non sans enthousiasme, “Mais alors on peut faire quoi pour vous aider ?!”. Les gouvernements créent des feuilles de route, mais il n’y a pourtant pas de réponse toute faite à cette question. Il est vrai que l’ampleur de la tâche peut sembler renversante, tant par son échelle que par son caractère multidimensionnel. Nombreux sont ceux qui nous souhaitent “Bon courage” pour atteindre ces objectifs. Là est le problème, comment impliquer les citoyens pour qu’ils ne NOUS souhaitent plus bon courage, mais pour qu’ON se souhaite tous du courage ? Le pessimisme de ces personnes nous a montré qu’elles sont conscientes des dysfonctionnements, climatiques, sociaux, économiques, mondiaux. Il s’agit surtout de rendre le développement durable humain. Une jeune femme nous l’a fait comprendre. Alors que nous commencions à lui parler “ODD”, “17 objectifs” et “Agenda 2030”, un cassant “Oui bon ça va, c’est pas une leçon” nous arrêta sur notre lancée. Les ODD, rébarbatifs ? Tous les acteurs agissant pour les ODD sont conscients de la complexité du message et que pour faire passer cet espoir d’engagement collectif pour régénérer la planète et notre humanisme, il faut sortir du prisme technique et de la grille utile des cibles et indicateurs pourtant indispensable au pilotage de l’action. Mais qui les rendent, peut-être, difficile à appréhender.
- Mettre les ODD dans le quotidien des gens
Afin de pallier cette difficulté à s’approprier les ODD, nous tentons de les introduire par petites touches dans le quotidien des gens, en allant auprès d’eux, dans leurs lieux de vie quotidiens : cafés, locaux associatifs, épiceries… Ainsi, la SEDD vise notamment à faire connaître au public les initiatives et acteurs territoriaux qui agissent pour une transition sociale et solidaire et pour améliorer leur cadre de vie. A Paris, 4D veut se rapprocher des citoyens en distribuant des guides d’engagement dans toute la ville.

En effet, on ne peut décemment pas attendre que les gens aillent instinctivement vers le développement durable. D’après des neurologues, l’Homme est intrinsèquement programmé pour aller vers le confort, et donc minimiser les changements dans son mode de vie, il manque de vision à long terme en ne cherchant à satisfaire que son plaisir immédiat. Pour que l’Homme change ses habitudes, il faut aussi que le développement durable aille vers lui. Il faut lui donner de vraies clés, des astuces quotidiennes et aisément appropriables. Afin qu’il ne soit pas dépassé, il faut savoir répondre concrètement à la question “Mais alors on peut faire quoi pour vous aider ?”. Répondre à cette question en montrant l’exemple, c’est ce que font chaque jour des personnes qui promeuvent des modes de vie plus durables, par le biais de projets, d’événements, de débats… comme nous l’a prouvé la SEDD et ses plus de 1000 événements répertoriés en France. Les gens ont ainsi pu participer à des ateliers DIY, à une escape game sur le thème des ODD ou encore à une table-ronde s’intéressant aux modalités d’actions des citoyens sur les territoires. Et ils ont répondu d’eux-mêmes à cette nouvelle question : “Mais alors on peut faire quoi pour s’aider ?”.
- Guider, mais aussi encourager les projets citoyens pour un développement durable plus humain
Comme nous l’avons vu, les projets proposés durant la SEDD sont nombreux et divers, caractère multidimensionnel des ODD oblige. Mais ils sont concentrés sur une semaine, alors que la promotion du développement durable, c’est toute l’année. C’est pourquoi 4D a soutenu des initiatives prometteuses à travers son appel à projet. Des citoyens qui nous aident et qui s’aident pour atteindre des objectifs communs à tous.

Photo 2 : Bande de Sauvages au Salon du livre de Caen
Photo 4 : guide d’engagement dans un commerce
Ainsi, l’équipe de Bande de Sauvages a publié son livre de recettes simples, végétariennes et durables en mai, l’a présenté au salon du livre de Caen, et a reçu un bon accueil avec une centaine d’exemplaires écoulés. Ce sont autant de gens qui pourront cuisiner local et de saison au quotidien.
L’association Cêhapi va quant à elle créer un Tiers-Lieu. Les volontaires ont commencé à débattre sur les ODD pour faire émerger des priorités et des idées d’actions à mettre en oeuvre dans le futur tiers lieux. Des projets de journée tiers-lieu éphémère, en octobre et novembre, sont aussi en construction. Il s’agira dans un premier temps d’aborder les ODD, puis de restituer les idées émises pour le tiers-lieu et de faire des choix selon les priorités ODD formulées par les citoyens. Pour le moment, les retours des acteurs locaux et des associations sont, là aussi, positifs !
En somme, les ODD, ce sont aussi des projets par et pour les gens qui, de spectateurs démunis face au développement durable, en deviennent les acteurs éclairés.