La COP 24 s’est passée, le « Rule book » (guide d’application) permettra de mettre en oeuvre l’Accord de Paris avec de nombreux mécanismes de flexibilité (périmètre, ambition et calendrier…) ; certains des moyens de mises en oeuvre essentiels (adaptation, loss and dammage, marché carbone…) sont encore flous ou déjà renvoyés à plus tard. Pour le relèvement des ambitions, attente forte de la société civile et des pays les plus vulnérables, il faudra encore attendre… Les décisions des Etats ne traduisent pas l’urgence signalée par les scientifiques, les états insulaires, les délégations africaines qui eux voient se rapprocher leurs obligations d’adaptations. « Il y a un fossé entre engagements et urgence de la situation L’hypothèse d’un réchauffement climatique de 3°C devient l’hypothèse optimiste » ont fait observer plusieurs scientifiques, notamment Jean Jouzel.
Malgré l’annonce de l’UE de relever ses ambitions, les pays membres sont apparus divisés entre pays regroupés autour de la Pologne souhaitant obtenir des délais (« la transition juste ») et les pays d’Europe occidentale empêtrés dans leurs conflits politiques et leur difficultés à assurer déjà des engagements pris. Autre signal très inquiétant : certains Etats ont contesté les apports du dernier rapport du GIEC poussant l’immobilisme à demander d’attendre le prochain rapport.
« Black is green ? »
Soit 2022 alors que tout nous pousse à agir avant 2020 pour pouvoir déjà tenir les 2°C. Quant à la cohérence des actions, les Objectifs du développement durable demeurent les grands absents… La cohérence des actions est nécessaire au risque d’aggraver les crises ! On ne peut plus se permettre de mettre en place des dispositifs ou des politiques publiques inefficaces car mal problématisées, verticales, en silo et greffées dans la nostalgie d’un modèle de développement socialement, financièrement et écologiquement dépassé. Depuis 2015, la gouvernance internationale a profondément régressé, les démocraties aussi. Si les COP demeurent l’un des rares espaces d’une mondialisation qui se parle, souhaitons que le Chili l’an prochain rendra la COP plus efficace. Sidération et Espoir encore avec des leader comme Greta Thunberg !
Jean-Luc Redaud, administrateur de 4D
membre du Secrétariat d’édition de l’Encyclopédie du développement durable,
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crédit photo Jean Luc Redaud