Dans son allocution à l’ONU, Emmanuel Macron appelle les Etats, les agences internationales, la société civile à se mobiliser avec les ODD. Décodage !

Des crises, des causes profondes, un sursaut universel

 

Dans son allocution devant l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU), Emmanuel Macron fait état des crises qui secouent ce monde. Elles sont profondes, sont le fruit de dérives économiques, financières, environnementales, climatiques… au coeur d’un ordre libéral qui se fracture.

Il appelle à un sursaut universel pour répondre aux inégalités contemporaines sociales et environnementales.

 

La France appelle à une méthode pour transcender les défis contemporains du multilatéralisme

 

La France aura la présidence du G7 en 2019, les inégalités seront une priorité de la Présidence pour l’année à venir. Devant l’AGNU, Emmanuel Macron a martelé l’exigence d’universalité et a appelé à une méthode pour le G7. Et c’est là que le rapprochement avec l’Agenda 2030 pour le développement durable, feuille de route universelle adoptée il y a 3 ans, s’impose.

 

1 – Un mécanisme collectif

Emmanuel Macron propose la mise en place d’un mécanisme collectif sous la présidence de la France pour le G7, pour la mise en cohérence, l’évaluation et l’échange de bonnes pratiques pour refonder des règles de multilatéralisme. Il invoque un changement de méthode qui pose en son sein la lutte contre les inégalités contemporaines. Une recomposition d’un système international pour relever des défis communs, notamment avec l’Afrique, soutenu par les Nations Unies, l’OCDE… De nouvelles formes de coopération pour un nouvel équilibre mondial dans le respect des souverainetés, des coopérations régionales et avec des garanties internationales robustes.

Cette méthodologie que la future présidence du G7 veut lancer existe et est pratiquée par des Etats, le secteur privé et  la société civile. Il s’agit de l’Agenda 2030. La vision politique de 193 Etats est déclinée par une feuille de route concise au travers de 17 Objectifs de développement durable (ODD), cibles et indicateurs qui reflètent la complexité de cette époque, où l’on ne peut faire l’économie d’une vision globale pour apporter des solutions durables, efficaces et positives aux citoyens.

D’autre part, une méthode pour refonder un multilatéralisme fort et pragmatique est intéressante si elle est robuste. La mise en oeuvre des ODD monte en puissance depuis 3 ans et les méthodes de reporting existent, celles de redevabilité se construisent, des concertations sont en place, la science est mobilisée, la dynamique de partenariat est revue tous les ans, la mobilisation des citoyens commencent, elle est déjà prégnante dans les pays en développement

Pris dans leur ensemble les ODD sont transformateurs. A l’inverse, l’”ODD picking” ou autrement dit ne regarder que les ODD qui arrangent, serait contre-productif pour un multilatéralisme fort qui s’attaque aux causes profondes des déséquilibres.

 

2 – Une nouvelle grammaire d’actions pour les défis contemporains

Emmanuel Macron veut faire des inégalités contemporaines une priorité. Les inégalités sont un objectif de l’Agenda 2030 à part entière et sont des cibles d’autres ODD. Il y a là une méthodologie pour résoudre des inégalités du 21e siècle entre les pays et au sein des pays.  Les inégalités économiques sont en effet un facteur d’insoutenabilité avec des impacts sur la santé et l’environnement, les dérèglements environnementaux renforcent les inégalités et les tensions sociales. Par exemple, les plus aisés sont les plus gros pollueurs et pourtant ce sont les moins touchés par les pollutions (ils représentent 10% des habitants de la planète mais 50% de la pollution émise). Les ODD mettent en perspective les interrelations qui existent entre les différentes causes des inégalités, selon les contextes nationaux, et la cohérence entre différentes cibles pousse à de nouvelles règles collectives.

Emmanuel Macron a ainsi appeler à ne plus signer d’accords commerciaux qui ne soient pas respectueux des contraintes sociales et climatiques et à challenger l’OMC… L’étalon pour ce multilatéralisme soucieux de la dignité, de l’égalité, des peuples et des cultures et des pressions sur les milieux et les ressources est là à nouveau : les ODD sont un langage universel, que le G7 doit entendre.

L’Agenda 2030 est bien cette nouvelle grammaire d’action pour les défis contemporains :

  • il propose des mécanismes pragmatiques (les objectifs), adaptés (les cibles), mesurables (les indicateurs), universels (tous les pays, tous les acteurs…)
  • ce n’est pas seulement un texte mais un processus universel, mis en oeuvre par les pays, africains notamment, et de nombreux acteurs non étatiques
  • il pose autant les enjeux, que les pas de temps et les moyens
  • il a déjà durant les 2 ans de négociations et depuis sa mise en oeuvre en 2016, identifié :
    • le piège de la complexité
    • les dangers des fonctionnements en silo
    • les espaces pour l’inclusion de l’ensemble des pays et des populations qui sont celles qui donnent mandat aux chefs d’Etat
    • les nouvelles coalitions
  • il donne un cadre de référence aux actions portée par la France :
    • créer une coalition visant à adopter de nouvelles lois sur les inégalités de genre
    • adopter un pacte mondial pour l’environnement d’ici 2020
    • l’organisation du prochain Congrès mondial de la nature à la hauteur des enjeux
    • mobiliser pour la COP 24 et conforter les règles d’application de l’Accord de Paris
    • renforcer l’ambition de l’Aide publique au développement et la coopération

 

3 – Une réponse structurante face au système qui se fracture  

Emmanuel Macron appelle les Etats à un sursaut d’intelligence et de courage. L’adoption de l’agenda 2030 par tous les Etats le fut il y a 3 ans.

Les ODD par leur langage commun ont toute vocation à servir l’avant garde des nouvelles règles de l’ordre international, pour la paix et contre les inégalités, à incarner en France et au sein de l’UE. Le 21e siècle ne peut être la reproduction du siècle passé. Et tous les pays, tous les acteurs doivent bifurquer dans la prochaine décennie. Oeuvrer pour cet avant gardisme en France c’est aussi interroger les débats actuels à l’aune de tous les ODD, pris dans leur ensemble c’est une grille d’arbitrage conçue pour ne laisser personne de côté : loi Pacte, Élan, le plan pauvreté, les ambitions de l’économie circulaire, la refonte de l’éducation, le débat bioéthique, les moyens donnés au plan climat, un futur énergétique post carbone… Les migrations non explicites dans les ODD s’imposent. Tous les acteurs s’accordent à dire que les réponses qui seront apportées sont incontournables dans la réussite de l’Agenda 2030.

L’ODD n°10 visant la réduction des inégalités est un catalyseur pour tous les autres : réduire les inégalités sociales et environnementales c’est améliorer la santé, la protection sociale, réduire la faim, améliorer les conditions de vie des populations et renforcer la durabilité des villes dans lesquelles ils vivent, favoriser les déplacements à travers la construction d’infrastructures de transports publics qui créent de l’emploi … C’est l’affaire de nombreux acteurs. 

 

Se mobiliser pour promouvoir la grammaire des ODD, partager les pratiques comme les périmètres des inégalités contemporaines, connecter les ODD aux grandes rencontres internationales est l’action de 4D et tous les acteurs des ODD et Nous

Une session de cours à distance sur les ODD et les inégalités est proposée par 4D tout au long de ce dernier trimestre 2018.

 

NB : Les éléments en gras dans le texte sont issus du discours prononcé le 25 septembre 2018 le Président E. Macron.

 

Documents de référence :

17 objectifs pour transformer le monde – ONU 

Une réponse stratégique de l’OCDE aux ODD 

Act4SDGs 

Global compact “ces objectifs appellent à l’action de tous et instaurent un langage commun universel”

CNIS / CGDD Tous les pays sont « en voie de développement durable »  Et visent les mêmes objectifs Dans un cadre de redevabilité commun

Inégalité sociale et environnementale, la double voire triple peine : Réduire les inégalités, une condition nécessaire à l’acceptabilité des politiques environnementales. 4D / Lucas Chancel