Chaine humaine à Paris

Chaîne humaine de milliers de personnes pour le climat avant la COP21 malgré l’interdiction de manifester.

COP21 – « Plus de 10.000 » personnes ont participé dimanche 29 novembre à une chaîne humaine à Paris, le long d’un boulevard de l’Est de la capitale, ont annoncé les organisateurs. Selon la police, ils étaient 4500. Ces manifestants entendaient dénoncer « l’état d’urgence climatique » à la veille de l’ouverture de la conférence climat.

« C’est extrêmement satisfaisant vu le contexte actuel. Il y avait beaucoup de gravité, de dignité sur les trottoirs. Un puissant courant passait entre les mains. C’est un plaisir d’avoir pu soulever le couvercle qui pèse sur la société française depuis les attentats« , a affirmé lors d’une conférence de presse Geneviève Azam, porte-parole d’Attac, à l’initiative avec Alternatiba de ce rassemblement organisé en dépit de l’interdiction de manifester.

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Sur le trottoir le long du boulevard Voltaire, les militants se tenaient par les mains entre Oberkampf et Nation, certains sautant et criant « Plus chaud que le climat ». Nombre d’entre eux avaient apporté des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Ils ne sont grands que si nous sommes à genoux » ou encore « Ils exploitent, ils polluent, ils profitent! l’urgence est sociale et climatique ».

« Il faut mettre une pression publique sur les dirigeants. On a été très déçus de l’annulation de la manifestation mais c’est une bonne alternative pour se mobilier », a expliqué Aude, 29 ans, venue avec deux amies, comme elle chercheuses en sciences et vie de la terre.

Pour Léo, étudiant en philosophie à Nanterre, 21 ans, « cette chaîne humaine, c’est un contre-pouvoir citoyen à la conférence officielle qui sera contre-productive car elle est faite avec des industriels dont les intérêts sont contraires à l’écologie« . La Coalition climat 21, regroupant 130 organisations, avait dû renoncer à marcher dans les rues de Paris à la suite de l’interdiction de manifester imposée dans le cadre de l’état d’urgence décrété après les attentats du 13 novembre.

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A la place, à l’initiative d’Attac et d’Alternatiba, elle a appelé à former cette chaîne humaine à la veille de l’ouverture officielle de la conférence de l’ONU sur le climat où 147 chefs d’Etat et de gouvernement sont attendus pour tenter de dégager un accord permettant de limiter le réchauffement climatique.

Cette chaîne humaine n’est « ni autorisée, ni interdite, c’est une zone grise. On interprète ça comme une tolérance », a convenu Jon Palais, porte-parole Alternatiba, qui disait s’attendre à « plusieurs milliers » de participants. Le long du boulevard Voltaire stationnaient des camions de CRS.

La chaîne est passée non loin du Bataclan, où 90 personnes ont été tuées lors des attentats, un lieu que les organisateurs ont promis de « respecter ». A proximité de la salle de concert, où la présidente chilienne Michelle Bachelet était attendue pour un moment de recueillement, les policiers faisaient dévier les voitures.

 

 

 

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Peu avant 13h00, les manifestants commençaient à se disperser sous les applaudissements de participants qui chantaient « Tous ensemble ». Pour Florence, une sexagénaire venue des Yvelines « aussi pour (ses) petits-enfants », « cette chaîne humaine représente l’avenir. Nos politiques voient toujours l’argent, pas l’homme ».

Certains des participants portaient des masques sur le visage sur lesquels on pouvait lire « Non aux gaz de schiste », d’autres des pancartes figurant des sens interdit. Sébastien, apiculteur de 43 ans de la Drôme, pieds nus dans ses sandales, a expliqué être venu « porter la voix de tout ceux qui ne sont pas là parce que victimes des dérèglements climatiques ».

« C’était important d’être là, on est très puissants quand on est tous ensemble. On nous empêche cette fois de nous réunir, mais (…) il y a d’autres moyens comme la chaîne humaine pour se mobiliser », a-t-il déclaré, affirmant vouloir « croire que nos dirigeants qui sont des hommes aussi seront touchés dans leurs coeurs ».

En début d’après-midi, une partie d’entre eux, le visage masqué par un foulard ou une capuche, se sont engouffrés sur l’avenue de la République, clamant « Etat d’urgence, Etat policier. On nous enlèvera pas le droit de manifester ».

Les messages expriment la détermination des participant.e.s à se mobiliser et lutter pour un climat de paix, seule réponse adéquate aux déstabilisations géopolitiques, économiques et écologiques auxquelles nous sommes confrontés : face au changement climatique, aucune armée ne pourra empêcher la fonte de la banquise ainsi que les conséquences sur les territoires et sur les populations les plus démunies. Nous sommes debout, mains dans la main, et nous montrons qu’il est possible, avec dignité et détermination, de prendre nos affaires en main. Le courant, passé entre entre toutes ces mains, est le courant des solutions et des alternatives pour transformer la machine à réchauffer la planète et bloquer les responsables du dérèglement climatique.

 

Au lieu du fatalisme, nous entendons mettre en scène les voies qui s’inventent partout dans le monde pour sortir du piège climatique. Elles vont s’exprimer tout au long des deux prochaines semaines et les initiateurs de cette chaîne humaine, heureux de son succès, appellent au maintien de l’ensemble des temps de mobilisation prévus, notamment le Sommet Citoyen pour le Climat et le Village Mondial des Alternatives qui auront lieu à Montreuil les 5 et 6 décembre, la Zone d’Action pour le Climat au CentQuatre du 7 au 11 décembre, et enfin la mobilisation du 12 décembre.