Peuples Autochtones

Peut-il y avoir une vraie politique environnementale dans un pays de non-droit ?

“En tant qu’habitants séculaires de la forêt, nous en sommes ses gardiens. Nos moyens pour la protéger sont dans la consolidation de notre autonomie territoriale, politique, culturelle et spirituelle qui est construite en étroite relation avec la forêt dans laquelle nous vivons depuis la nuit des temps.”

Benki Piyâko leader spirituel et politique peuple Ashaninka

Un article de Muriel Labrousse

Une semaine avant que s’ouvre à l’Unesco une conférence sur l’inclusion des savoirs autochtones dans la lutte contre le réchauffement climatique, l’association Dialogo por  Vénézuela-France et la Fondation vénézuélienne Azul Ambientalistas, alertaient le gouvernement français et la presse sur la situation de ce pays,   sur la déforestation, la disparition des mangroves, les massacres dont sont victimes les Yanomamis…

Gustavo Carrasquel, Directeur de la Fondation Azul Ambientalistas, joint en Skype,  explique que les deux grands lacs  de Valencia et de Maracaibo souffrent de taux très élevés d’eutrophisation, que ce sont devenus de gigantesques  poubelles où atterrissent toutes sortes de déchets, y compris des polluants, les contrôles environnementaux y étant inexistants. Assis sur les premières réserves de pétrole du monde, le pays s’ouvre depuis peu aux multinationales, pétrochimiques, forestières et minières, ajoute Alexandra Poleo, porte-parole de « Dialogo por Venezuela-France.  Leurs activités perturbent la chaîne écologique et le régime des vents, occasionnent des dégâts au Lac Maracaibo, menacent  les cultures ancestrales des populations en forêt et la santé publique.

Alexandra Poleo rappelle une vérité qui dit-elle dérange : une des raisons du réchauffement climatique global provient de la déforestation du bassin Amazonien, considéré comme le« poumon vert de la planète ». L’Amazonie vénézuélienne, 184 000 km2, constitue l’une des prodigieuses réserves en ressources naturelles du monde entier, maintenant l’équilibre climatique par la production de nuages, de pluie, d’oxygène, pour toute la planète, écrit l’écrivain Edgar Cherubini dans un très beau texte « Condamnés à disparaître ». Il y prend notamment faits et causes pour les Yanomanis qui sont environ 15 000 au Venezuela (30 000 au Brésil), et qui sont aujourd’hui en voie d’extinction à cause des chercheurs d’or et de la déforestation. A titre d’exemple, 20 000 hectares de forêt ont disparu dans la région de Bolivar depuis 8 mois.   L’Amazonie vénézuélienne, écrit Edgar Cherubini, est le théâtre de luttes de pouvoir pour le contrôle de ces territoires, par les militaires, par des institutions gouvernementales, les chercheurs d’or et la guérilla colombienne alliée au narcotrafic et au négoce d’or. Il y a un manque de gouvernance pathétique, dont les Yanomanis sont les victimes.

Membre de l’OPEP, le Venezuela a refusé de déposer une contribution pour la COP 21,  dans le cadre d’un « système dominé par le capitalisme » , comme Cuba et la Corée du Nord…Mais Dialogo por  Vénézuela-France et les experts concernés par l’Amazonie et la biodiversité au Venezuela, ont tenu à écrire à Laurent Fabius et Ségolène Royal pour les alerter sur la vraie situation environnementale de ce pays que peu de personnes connaissent : le Venezuela est un pays écologiquement dévasté, en passe de devenir en quelques années la « Somalie de l’Amérique latine ». Rappelons que le Président  Maduro a transformé en septembre 2014 le Ministère de l’environnement en Secrétariat d’Etat à l’Eco socialisme… (Comme Poutine en arrivant en 2000). Edgar Cherubini écrit : au  nom du socialisme on promeut la dévastation de l’environnement. Question très  politique aussi  que la question posée à la fin de la lettre aux deux ministres français: peut-il y avoir une vraie politique environnementale dans un pays de non-droit ? Nicolas Maduro qui doit intervenir à la Cop le 30 novembre répondra-t-il à cette question ?

« La quinzaine amazonienne », une initiative citoyenne des 5 continents

Pendant 4 jours, du 9 au 12 décembre, pendant la COP 21, la Bellevilloise à Paris et une péniche à Lyon, deviennent des « Ambassades des Peuples Autochtones », une rencontre ouverte au public avec des représentants des peuples des 5 continents y débattront aux cotés de différents intervenants internationaux du monde des arts, des sciences, des medias. Et aussi :

  • Quai Branly, « L’Amazonie filmée par ses peuples », projections, débats.
  • Gare Montparnasse : une exposition Frans Krajcberg : « Le cri pour la planète »

Information, programme ici.