#LesODDetnous : 5. Egalité entre les sexes

Le 5ème Objectif de Développement Durable porte sur l’égalité hommes-femmes : “Égalité des genres : parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles”. Il met en avant dans ses cibles des priorités telles que la fin des violences et des discriminations envers les femmes et l’accès à tous types de fonctions, propriétés et droits au même titre que les hommes.

Si la situation s’améliore en France, il reste du travail pour que l’égalité soit réelle.*

 

Dans les études et au travail

Dès l’école, on observe une reproduction des schémas de société à cause d’idées préconçues sur la place et le rôle des hommes et des femmes. Par exemple, les filles ont moins facilement accès aux filières scientifiques et techniques que les garçons.

Cette reproduction des schémas se poursuit au fil des études, et finalement au travail. Elle a des conséquences sur l’accès à l’emploi et en particulier aux postes décisionnaires, ainsi que sur les salaires. Les femmes exercent davantage des métiers moins valorisés que les hommes et sont 1,2 millions en situation de temps partiel subi (82% des emplois à temps partiel occupés par des femmes), pour 471 800 hommes (INSEE, 2015).

Les écarts de salaires entre hommes et femmes sont aussi un vrai sujet, avec de lourdes conséquences sur tous les aspects de la vie. En moyenne, les femmes gagnent 25% de moins que les hommes. Une partie de ce chiffre est due au temps de travail, ou au métier. Mais ces différences n’expliquent pas tout : si on compare les revenus toutes choses égales par ailleurs (pour un même temps de travail, poste, type de contrat, âge, secteur d’activité et taille d’entreprise), les femmes touchent encore 10,5% de moins que les hommes (chiffres du ministère du Travail). Ce qui représente une grosse différence de pouvoir d’achat et de niveau de vie.

 

A la maison

Bien que les femmes soient de plus en plus nombreuses à travailler, la répartition des tâches ménagères est encore loin d’être équitable. Chaque jour, les femmes consacrent ainsi en moyenne 1h30 de plus que les hommes au travail domestique (3h26 contre 2h, selon les chiffres de 2010 de l’INSEE). De plus, les tâches les plus ingrates sont généralement davantage faites par les femmes.

85% des foyers monoparentaux sont féminins (mère et ses enfants). Or cette situation, notamment par manque d’aides, augmente beaucoup les risques de précarité des familles : 1 famille monoparentale sur 3 vit sous le seuil de pauvreté.

Tous ces éléments entraînent donc une précarisation des femmes, qui exercent des métiers moins valorisés, touchent des salaires moins élevés et consacrent beaucoup de temps à leur famille et leur maison. Le résultat : 8,4% des femmes sont pauvres, pour 7,7% d’hommes (INSEE, 2014), et 70% des travailleurs pauvres sont des femmes (Haut Conseil à l’Egalité).

 Nuage ODD5

Violences

Taboues et beaucoup moins visibles, les violences faites aux femmes montrent jusqu’où peuvent mener les discriminations. Viols, harcèlement, violences conjugales ou excision (mutilation génitale féminine, le plus souvent pratiquée sur des mineures) sont une réalité encore très présente en France.

Quelques chiffres permettent de s’en apercevoir. On estime que 53 000 femmes adultes vivant en France ont subi une excision, et de nombreuses petites filles et adolescentes sont menacées chaque année. Le nombre de viols est extrêmement difficile à déterminer car les victimes gardent le plus souvent le silence. L’INSEE donne le chiffre de 84 000 viols ou tentatives de viols par an, mais ne prend pas en compte les mineures, qui subiraient pourtant plus de 50% des agressions ! Les violences conjugales, encore moins dénoncées, sont aussi un phénomène préoccupant : 1 femme sur 100 serait victime de violences physiques et/ou sexuelles de la part de son partenaire (216 000 cas par an), sans compter les autres formes de violences : verbales, psychologiques, économiques, administratives… L’exploitation sexuelle est aussi un réel enjeu : on compterait entre 15 000 et 30 000 prostituées en France, dont 95% avec un proxénète et 80% d’étrangères.

Dans la société

La représentation politique des femmes et leur accès à des postes de décision est un enjeu essentiel : garantie de justice de la représentation (puisque les femmes constituent la moitié de l’humanité), elle permet de faire entendre les voix des femmes, de mieux prendre en compte les enjeux spécifiquement féminins, de donner un modèle et des perspectives aux femmes, de faire évoluer les regards…

La composition du Parlement (38,7% de femmes à l’Assemblée et 25% au Sénat) nous montre que la France est en progression mais a encore du chemin à faire pour arriver à la parité. De plus, l’égalité numérique n’est pas le seul indicateur. Les femmes sont en effet de plus en plus représentées dans les élections, mais surtout pour les postes moins influents. Elles seront ainsi souvent présentées dans les circonscriptions que le parti a peu de chances de gagner, ou bien comme suppléantes, avec un homme comme candidat, ou encore en moins bonne position pour les scrutins par liste… Les femmes sont particulièrement sous-représentées pour les postes les plus importants : on ne compte ainsi que 3 présidentes de régions sur 17. Autre exemple : le nombre de femmes maires augmente… alors que le pouvoir des communes diminue au profit des intercommunalités et des communautés de communes.

Les femmes ont aussi moins accès aux services publics, et notamment à la santé. Le manque de temps, de moyens financiers ou encore d’information sur des problèmes de santé spécifiques aux femmes les éloignent des soins dont elles auraient besoin. Ces difficultés d’accès concernent notamment la santé reproductive (contraception, IVG), dans laquelle les femmes sont particulièrement concernées et qui souffre d’un manque d’information.

Pour remédier à ces difficultés d’accès à des politiques publiques qui sont conçues pour tous, il serait nécessaire d’envisager systématiquement un volet sur l’intégration des femmes aux différentes mesures. Elles se trouvent autrement rapidement exclues de leurs effets.

 Les inégalités de traitement entre hommes et femmes sont avant tout dues à des stéréotypes des rôles des hommes et des femmes. Quel modèle donne-t-on aux petits garçons et aux petites filles, que met-on en avant et que leur présente-t-on comme critères pour réussir sa vie ? Ainsi, le manque de modèles politiques, sportifs, intellectuels ou culturels féminins ancre dans les esprits l’idée que ces domaines seraient masculins. Ces questions appellent donc à un changement des mentalités, qui conduirait à donner à chacun des chances égales selon son mérite et ses motivations réels.

 

L’ODD 5 sur l’égalité des sexes est transversal à tous les autres sujets. Il est nécessaire d’améliorer la prise en compte de la parole et de la situation des femmes, et de leur permettre de s’impliquer pleinement dans les prises de décisions, à tous les niveaux. Si la France est sur la bonne voie, elle a encore du chemin à réaliser, ce qui nécessitera des financements spécifiques mais aussi des outils de mesure et d’évaluation (comme l’OCDE ou les indicateurs des ODD en proposent).

 

*Contrairement aux idées reçues, les femmes constituent aujourd’hui la majorité des personnes en situation de précarité. Elles représentent 53 % des personnes pauvres, 57 % des bénéficiaires du RSA, 70 % des travailleurs pauvres, occupent 82 % des emplois à temps partiel, 62 % des emplois non qualifiés…

 Cet article a été écrit en partenariat avec WECF.

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