Journal de bord #COP22 : clap final

C’est à 2h46, dans la nuit du 18 au 19 novembre que s’est clôt la 22ème Conférence des Parties, la première depuis l’adoption de l’Accord de Paris.

L’Accord de Paris est entré en vigueur le 4 novembre 2016, trois jours avant l’ouverture de la COP22 et moins d’un an après la fin de sa négociation. Un record pour un traité international ! Cette COP devait être celle de la mise en œuvre des engagements pris à la COP21. La « COP de l’action » pour reprendre les mots de la Présidence marocaine.

 

Mais dès le troisième jour de la Conférence, l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis a condamné la COP à l’incertitude quant au maintien d’une dynamique positive en matière d’ambition contre le changement climatique.  A défaut de tenir un discours rassurant, de nombreux officiels ont souhaité souligner que les conséquences de cette élection ne peuvent pas encore être clairement déterminées.

 

Du côté des négociations entre Etats, l’action n’a pas semblé totalement au rendez-vous. Les discussions ont notamment porté sur les modalités de la tenue de la première Conférence des Parties de l’Accord de Paris (CMA). Faute de pouvoir achever les discussions techniques lors de la COP22, les Parties ont convenu de suspendre sa première édition jusqu’à la COP24. La COP a également décidé de donner mandat aux présidents des COP22 et 23 pour mener une consultation sur l’organisation du Dialogue Facilitatif de 2018, attendu comme une occasion pour les Etats de rehausser leurs Contribution déterminées au niveau national, soit leurs engagements en matière d’actions contre les dérèglements climatiques. Le rôle du Fond d’Adaptation dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris a également fait l’objet de débats entre les pays en développement et les pays développés. La décision finale ne tranche pas définitivement sur ce point, qui devra être précisé à la lumière de décisions futures sur l’architecture globale de la gouvernance et des modalités opérationnelles de ce fond.

 

Quelques annonces sont heureusement venues témoigner du maintien d’une volonté politique et d’une vision de long terme. Les 47 Etats du Climate Vulnerable Forum ont ainsi proclamé le 18 novembre leur intention de couvrir l’ensemble de leurs besoins énergétiques par des sources renouvelables « aussi rapidement que possible » et au plus tard en 2050. Les deux championnes pour le climat, Laurence Tubiana et Hakima El Haité ont par ailleurs annoncé le 17 novembre le lancement de la 2050 Pathways Platform. Cette initiative multi-acteurs doit servir à aider les pays à la mise en place d’une stratégie de transition vers des sociétés neutres en carbone. A ce jour, 22 pays ont annoncé leur intention de développer une telle vision. D’ores et déjà, 15 villes, 17 régions et villes et 196 entreprises de la coalition We Mean Business ont rejoint cette initiative.

 

Ces initiatives ne peuvent cependant pas masquer l’absence d’engagements significatifs de renforcement des ambitions des Parties à court terme. Le manque d’attention portée par la COP à l’action pré-2020 (date d’applicabilité de l’Accord de Paris), a été souligné par les pays en développement lors des déclarations de clôture de la COP22. A défaut d’avancées majeures dans les négociations, les déclarations des représentants « de haut niveau » des Parties auraient pu être une opportunité de maintenir le momentumpolitique observé l’année dernière. Mais là encore, peu d’annonces significatives. Certes, plus de soixante chefs d’Etats et de gouvernements ont fait le déplacement, certains annonçant des actions concrètes ou des engagements sur le financement. Le bilan global ne s’est cependant pas avéré à la hauteur des attentes, notamment en termes d’engagement de financement.

 

Faut-il en conclure que cette COP n’a pas su tenir ses promesses ? En réalité, il fallait savoir s’éloigner du cadre formel des négociations et observer d’autres acteurs que les seuls Etats pour réellement apercevoir l’action. Tout au long de la conférence, des coalitions d’acteurs étatiques et non-étatiques sont venus présenter des projets ou engagements concrets participant à la mise en œuvre de l’Accord de Paris et des Objectifs de Développement Durable. Ces coalitions ont témoigné d’ambitions portées dans les principaux secteurs : transport, énergie, agriculture… A titre d’exemple, Camille nous présentait le 10 novembre dans le Journal de Bord de 4D certaines des coalitions mises en avant à l’occasion de la journée de l’eau.

 

Nous pouvons regretter un manque de clarté autour des projets portés par ces diverses coalitions et une absence de cadre dans les critères et le suivi des engagements de leurs actions. Les initiatives présentées rassurent cependant sur la volonté de leurs porteurs à agir et à se structurer autour de démarches multi-acteurs. Laurence Tubiana et Hakima El Haité ont lancé à l’occasion de la COP22 le Partenariat de Marrakech pour l’Action Climatique Globale. Cette initiative produira une feuille de route détaillant la manière dont la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) peut catalyser et supporter les efforts des acteurs étatiques et non-étatiques sur la période 2017-2020.