Journal de bord #COP22 : bilan de la 1ère semaine du côté des négociateurs

Moins d’un an après la COP21, l’Accord de Paris est entrée en vigueur le 4 novembre. Un temps record pour un accord international et un signal positif sur la volonté politique des Etats d’agir contre les dérèglements climatiques. Après la COP politique de Paris, il était ainsi annoncé que la COP de Marrakech serait la COP de l’action.

 

En parallèle des négociations, des coalitions ont ainsi pu tout au long de la semaine présenter des initiatives et projets sur des thématiques variées : eau, forêts, énergie… Les deux championnes pour le climat, Laurence Tubiana et Hakima El Haité, ont présenté vendredi 11 novembre une note de réflexion sur la poursuite de l’agenda de l’action. Elle préconise notamment de favoriser la participation des acteurs non-étatiques, de faciliter l’échange d’information entre acteurs et de suivre les progrès réalisés par les diverses coalitions à partir d’un système de reporting volontaire. La participation effective des acteurs non étatiques est le cheval de bataille des ONG pour cette COP22.

La dynamique de la COP22 a cependant été rapidement assombrie par les résultats des élections américaines. Si pour des raisons juridiques les Etats-Unis ne pourront pas se retirer de l’Accord de Paris avant quatre ans, Donald Trump peut mettre en péril sa mise en œuvre de deux manières. Premièrement en revenant en arrière sur les engagements pris par l’administration Obama en matière de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. Deuxièmement en renonçant aux promesses de financement sur lesquels comptent les pays en développement pour la mise en œuvre de politiques climatiques. Beaucoup craignent que le nouveau contexte américain ne soit utilisé comme une excuse pour l’inaction par certaines Parties. A l’inverse, certains observateurs espèrent que le retrait des Etats-Unis permettra l’émergence de nouveaux leaders dans les négociations. La Chine murmurent déjà quelques uns.

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Sur le front du financement, certains sujets continuent de bloquer. Les pays développés ont mis sur la table en octobre une proposition de feuille de route pour le financement des efforts de lutte contre le changement climatique. Certains parties voudraient la voir prise en considération par une décision lors la COP22, mais sans parvenir à ce stade à gagner l’unanimité, la position des pays les moins avancées restant encore à déterminer sur ce sujet. Les négociations patinent également du côté de la mise en œuvre du futur fond d’adaptation. Si les pays en développement souhaitent faire figurer ce sujet dans une décision de la COP22, les pays développés mettent en avant des difficultés techniques et légales qui impliqueraient de retarder à plus tard la prise de toute décision.

La rapidité de l’entrée en vigueur a par ailleurs pris de court les négociateurs qui n’ont pas encore pu finaliser les discussions techniques nécessaires à la tenue de la première Conférence des parties de l’Accord de Paris. Celles-ci se sont donc tenues tout au long de la semaine. Elles devaient initialement s’achever lundi 14 au soir. Certaines parties ont indiqué leurs souhaits de poursuivre les discussions techniques sur la mise en œuvre de l’Accord de Paris (dont Suisse, Corée du Sud, Mexique, Australie, Unions Européenne et groupe du G77). Cette volonté n’est cependant pas partagée par toutes les parties (notamment Arabie Saoudite).

 

La politique reprendra la main lors de la deuxième semaine de la COP. 80 chefs d’Etats sont attendus pour réitérer leurs engagements en matière de lutte contre le changement climatique. Peut-être aurons-nous droit à quelques annonces qui témoigneront du maintien d’une dynamique politique favorable en dépit du contexte américain ?

 

Yann Lesestre