Journal de bord #COP22 : retour sur la Journée d’Action pour l’Eau

Le 9 novembre 2016 a été déclaré comme la journée d’action pour l’Eau à la COP22.

Pour la première fois dans l’histoire de la COP, cette journée créée dans le cadre de l’Agenda de l’Action climatique globale vise à attirer l’attention sur le secteur de l’eau en tant que pourvoyeur de solutions pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris. En effet, l’eau est identifiée comme un élément clé de l’adaptation par les Etats. En plus de sa dimension de besoin essentiel, l’eau est fondamentale pour la sécurité alimentaire, la santé humaine, la production d’énergie, la productivité de l’industrie, la biodiversité. Assurer la sécurité de l’accès à l’eau signifie assurer la sécurité dans tous ces domaines. Mais l’accès à l’eau se décline selon bien des manières et ces débats se poursuivent dans les couloirs de la COP : grosses ou petites unités, gestion, pollution, modèles économiques… l’eau est essentielle à l’atténuation du changement climatique et la réduction des impacts négatifs des catastrophes liées à l’eau : risques naturels, risque de pollution, inégalité d’accès à la ressource, etc. Les sécheresses créent aussi de graves crises sociales et politiques. Les intervenants du continent africains n’ont pas manqué de nous le rappeler.

La COP22 se veut être la cop de l’action, de la cop des familles et de la cop des modes de vie. L’Accord de Paris a démontré que des coalitions entre acteurs non-étatiques (entreprises, société civile, ONG, etc.) sont une richesse pour l’avancée des négociations et des projets en faveur de la lutte contre le changement climatique. Pour Hakima El Haite, ministre déléguée marocaine à l’environnement : “l’eau est un enjeu central du XXIème siècle”.

 

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La Coalition Eau, collectif de 30 ONG engagées dans l’accès durable à l’eau, dont fait partie 4D, a donné plusieurs priorités pour engager l’eau dans cette lutte :

  • le secteur eau peut et doit apporter des solutions quand à la réduction des gaz à effet de serre,
  • l’eau doit être au coeur des politiques d’atténuation et d’adaptation,
  • une mise en place effective des financements à l’intention des pays en voie de développement,
  • développer une gestion de l’eau en cohérence, à l’échelle local et global.

Les acteurs de l’eau travaillent à la gestion intégrée de la ressource, à son accès pour l’eau potable et pour l’eau agricole, à la réhabilitation d’infrastructures, à la mise en place de plans de développement local (planification partagée et locale des territoires). La notion de résilience pour la gestion de l’eau est fondamentale et doit être intégré dans l’évolution des modes de vie des populations. De nombreuses solutions sont proposées par les acteurs français réunis autour du Partenariat Français pour l’Eau, à laquelle participent de nombreuses entreprises, collectivités locales, chercheurs et ONG. Pour Kristel Malegue (Coalition Eau), “l’eau est au coeur de l’ensemble des services de base, pour l’économie, le genre, l’environnement, etc. et est donc une question majeure pour le changement climatique”.

Quant aux entreprises, la perte de ressource en eau a été jugée comme risque majeur pour le développement économique mondiale.

Il existe une alliance internationale, #ClimateisWater, organisée autour du Conseil Mondial de l’Eau, qui rassemble 44 organisations/entreprises originaires des 5 continents (autant de PME que de grosses entreprises). Les entreprises ayant signé l’alliance s’engagent à présenter leurs avancements dans :

  • la prise en compte de l’eau dans l’analyse des risques liés à l’activité économique (rapport CDP Water),
  • la mesure de leur empreinte eau grâce à des normes existantes,
  • le passage à l’action (travailler à la réduction de l’impact sur l’eau tout au long de la chaîne de l’entreprise).

 

L’eau est un champ de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises. Et les alliances multi-acteurs, gagneront selon une vision commune de la gestion de la ressource en eau. Elle reste à construire.

Le changement climatique est avéré. Et le lien eau climat change l’approche des acteurs de l’eau quant à une prise de conscience rapide des impacts, des risques aux besoins d’adaptation par les populations. Prenons l’exemple de l’Ile de FranceLa crue de 2016 a fait mobiliser de nombreux acteurs, il est important maintenant de convenir d’une ligne de conduite impliquant la société civile. Les enjeux principaux en Ile de France sont :

  • la pollution de l’eau, les phytosanitaires et les micro-polluants,
  • l’accès à l’eau potable pour tous,
  • les risques liés aux changements climatiques : notamment les épisodes d’inondation.

 

L’eau en ville est un enjeu majeur pour le développement des villes durables. Nous observons actuellement un renouveau de la conception des aménagements urbains, en faveur d’une prise en compte des enjeux liés à l’eau en ville (écoquartiers, aménagements face aux risques naturels, développement des loisirs et du tourisme aux abords des fleuves, la prise en compte de la nature en ville et de la trame bleue, etc.).

D’après Célia Blauel, “la bataille de l’eau se joue aussi en amont”. Il est important de développer une gestion par bassin versant, une gestion amont – aval, localisé en s’appuyant sur un travail multiacteur (acteurs de terrain mobilisés pour la coordination et l’interdépendance des réseaux et des territoires).

Au final, l’enjeu de l’eau mobilise l’ensemble des acteurs, étatiques et non-étatiques, et sera au coeur des prochaines politiques de lutte contre le changement climatique. Une demande importante des pays du Sud, notamment africains, concerne l’amélioration de leurs capacités : à la fois à prévoir les impacts du changement climatique sur les ressources en eau, monter des projets climato-compatibles, et accéder plus facilement aux sources de financement international. “Le changement climatique est une menace pour le secteur de l’eau mais aussi une opportunité, une invitation à faire plus, à faire mieux et à faire dans le long terme. En ce sens, les enjeux de l’eau s’inscrivent parfaitement dans le développement durable”. (Laurent Pacoud, Agence Française de Développement).

Pour en savoir plus, aller voir le site du Partenariat Français de l’Eau : www.partenariat-francais-eau.fr

Camille Bertrand