A Mourouj, dans la banlieue de Tunis

#Imagine2050#OurLife21Tunisie


LOGO-OURLIFE21-coulVL
Fatma vit seule avec son fils de 8 ans, Skander, à Mourouj, dans la banlieue de Tunis. Une banlieue populaire, qui compte quelques 88 000 habitants en 2015… Fatma loue un petit appartement, au 3e étage. Depuis quelques années déjà, elle est télé-opératrice. N’ayant pas de voiture, elle prend tous les jours le métro pour aller au travail en centre-ville, après avoir déposé son fils à l’école près de chez elle. Le temps de trajet est long. Les horaires de travail sont aussi importants. Néanmoins, elle essaie de consacrer le maximum de son temps à son fils. Avec ses revenus modestes, elle fait attention à son budget. 

 Quelques années plus tard, Skander obtiendra un diplôme en informatique. Avec sa mère ils souhaitent fonder leur entreprise pour améliorer leur niveau de vie.

Précarité, santé et risques, trois préoccupations majeures pour une mère de famille

Le travail de Fatma est peu payé et avec des horaires contraignantes. Pour le fils, une fois diplômé, il rencontrera d’énormes difficultés à trouver du travail. Mais avec le besoin croissant des entreprises en informatique, la famille décide de fonder sa propre entreprise dans ce domaine.

En raison des inondations régulières et de l’endommagement des infrastructures d’assainissement, de nouvelles maladies liées à l’eau sont susceptibles d’apparaître (paludisme, leishmaniose, dengue, hépatite A, typhoïde…). La prévention est un enjeu croissant.

 – L’exposition aux risques en zone urbaine dense[1] : avec l’avancée de la mer (les espaces potentiellement submersibles s’élèvent à environ 18 000 hectares, principalement situés dans la zone du Golfe de Tunis et la façade orientale, retrait des plages entre 20cm et 135cm par an, submersion de 700 000 ha de zones bâties), la population de Grand Tunis va davantage se déplacer loin des zones côtières, et notamment se concentrer dans la banlieue sud.

Sa consommation d’énergie et ses émissions de gaz à effet de serre

La consommation énergétique de cette famille est dans la moyenne tunisienne. A cause de la mauvaise isolation de leur logement, la facture énergétique est relativement importante, même si des panneaux solaires et des chauffe-eau solaires sont installés sur le toit. Dans la facture énergétique 50% concernent le remboursement des frais d’installation des panneaux solaires. D’après les calculs, le temps d’atténuation sera de 7 ans. Au niveau des transports, utilisation des transports en commun, jusque dans les années 2030 avec l’acquisition d’une voiture au bio-carburant grâce aux aides de l’Etat. Cependant, la maman voyage souvent à l’étranger en avion (bio-carburant) pour participer à des colloques dans le cadre associatif.

Sa transition à horizon 2030

Face au chômage, la famille décide de créer sa propre entreprise de services informatiques grâce à la formation de la maman et de son fils. Ce dernier va demander un prêt auprès d’une banque, tandis que la maman va investir toutes ses économies. Grâce à l’emplacement de l’entreprise à proximité des zones industrielles de la banlieue sud, et du besoin croissant de l’informatique dans la gestion d’entreprise, l’activité de la famille est correcte.

 

La ville de Mourouj est particulièrement dense. Les quartiers et les immeubles surchargés. La question de la gouvernance est centrale dans ces zones, elle est devenue très locale : les habitants gèrent eux-mêmes leur quartier dans des « sous-municipalités », composées par des associations, des coopératives, des syndicats d’immeubles et un comité de pilotage qui représente cette sous-municipalité auprès de la municipalité. Concrètement, cette sous entité organise des événements culturels, des campagnes de sensibilisation, des festivals, les jardins partagés, les programmes de nettoyage, de gestion de déchets, de rénovation des immeubles.

Pour améliorer le confort du domicile, la famille souhaiterait installer une climatisation centrale, engager des travaux d’isolation en profitant de la mise en place de la nouvelle réglementation thermique (notamment les fenêtres avec un Uw < 1,5), installer un grand réservoir d’eau de pluie pour la vaisselle, les WC, un espace vert bien aménagé, des vitres isolants. Ces travaux sont discutés au sein des sous-municipalités, et le financement serait en partie apporté par un fond commun de la sous-municipalité. Par ailleurs, cette famille pratique l’agriculture urbaine, sur son balcon et dans un jardin communautaire (partagé par 6 immeubles) pour permettre une autosuffisance en tomates.

Face à la multiplication des problèmes de santé et à la concentration des populations, l’hypothèse retenue est que l’État décide de créer des centres d’analyses médicales gratuites dans chaque quartier (1 centre/5000 habitants) qui permettent d’assurer des soins de base et de faire de l’autodiagnostic. Ces centres sont apparus avec l’apparition de nouvelles maladies liées à l’eau (paludisme, hépatite A) et des problèmes d’assainissement dans les grandes villes.

Les conditions de la transition

L’évolution à moyen et long termes de cette famille va fortement dépendre de l’évolution générale du pays :

  •  Les aides de l’Etat pour encourager les particuliers à entreprendre, et plus globalement un changement de mentalité sur un Etat providence et paternaliste.
  • La prise en compte du déplacement des populations des zones côtières vers les zones intérieures.
  • La volonté politique d’impliquer les acteurs de la société civile et notamment les jeunes
  • Le financement des politiques d’efficacité énergétique (estimation à 6,9 millards US$)
  • Le financement des mesures d’assainissement (902 millions US$)

De manière globale, sur les conditions de transition vers une réelle politique de développement durable, les outils existent aujourd’hui en Tunisie (Ministère de l’Environnement, différentes agences de protection du littoral, de gestion des déchets, de maitrise de l’énergie, de protection de l’environnement…) ainsi que le cadre légal. Mais leur application sur leur terrain est très rarement respectée par manque de contrôle, par manque de considération de la problématique environnementale face aux contraintes de développement économique. La non considération des avis des populations locales est aussi une cause de la dégradation de l’environnement.

Les jeunes Tunisiens imaginent 2030 et partagent leurs récits… Découvrez leurs visions !

La Tunisie est considérée comme le pays méditerranéen le plus exposé aux effets des changements climatiques, avec une large part de sa population concentrée en ville et le long des côtes. prioriterreAvec un niveau d’émission qui reste relativement peu élevé, et de fortes vulnérabilités, concernant ses ressources en eau ou les risques de catastrophes naturelles, le pays s’engage, dans le cadre de l’Accord de Paris, sur la voie d’un développement sobre et résilient. La Tunisie est à ce jour largement dépendante des importations d’hydrocarbures. A horizon 2030, le pays mise sur la transition énergétique, et les coopérations internationales pour relever les défis qui sont les siens : l’indépendance énergétique, le renouvellement de ses modèles agricoles et touristiques, et la démocratisation de la société.

Comment peuvent évoluer les modes de vie des populations en Tunisie d’ici 2030 si l’on se place dans la perspective d’un développement durable ? Les transformations en cours influeront sur le pratiques alimentaires, les moyens de transports, le logement, les moyens de communication…  Au Nord, au Sud, en ville, en zone rurale, qu’elle soit modeste ou aisée, agricultrice ou ouvrière, étudiante ou retraité… chaque personne doit pouvoir s’inscrire dans une perspective de vie réussie au 21e siècle.

Les récits proposés ici ont été co-construit par 7 jeunes Tunisiens, en 2015, dans le cadre d’un atelier animé par Prioriterre, à Tunis. Les 7 jeunes ont été sélectionnés pour la diversité de leurs profils, leurs différentes origines géographiques. Parmi eux, des étudiants paysagistes, des militants sur les questions d’environnement, d’accès à la culture, des droits des femmes. Cet atelier s’est déroulé sur 5 séances, entre le 11 juillet et le 11 octobre 2015, et a été organisé en partenariat avec l’Institut Français de Tunisie. De Mourouj à Douz en 2030, récit en image, et en vidéo.

Découvrez la vidéo réalisée par les jeunes TunisiensCOP21-label

Découvrez le récit de la famille de Olfa, à Douz

Plus d’information sur le contexte tunisien

Le travail de projection dans un futur durable et désirable s’est focalisé sur deux familles types :

  •  Une famille avec 3 enfants, ou plutôt jeunes, âgés de 20 à 25 ans, habitant dans le sud de la Tunisie à Douz, aux portes du désert. Exploitants dattiers, ils s’interrogent sur l’avenir de leur activité alors que le changement climatique menace la ressource en eau. Les jeunes appartiennent à une génération qui se heurte au chômage, mais qui, connecté au monde, ne manque d’idées pour innover et développer des alternatives. Le développement économique, les activités agricoles et la gestion des déchets sont au cœur des problématiques de cette famille.
  • Une mère avec son fils de 8 ans, qui habitent à Mourouj, dans la banlieue de Tunis. Téléopératrice, elle jongle avec le temps et les moyens de subsistance pour offrir un avenir à son fils. Leur première problématique sera de pouvoir améliorer le confort résidentiel de leur petit appartement.  Leur localisation les expose par ailleurs à des risques de catastrophe naturelle.
  •  Les profils de famille ont été élaborés à partir de variables démographiques, économiques, sociales de la Tunisie en 2010.
  • Dans le cadre de l’exercice de projection participative, les profils de famille 2030 sont définis à partir d’une situation 2010, en identifiant les facteurs de changement.
  • Les « personnages » ont été projeté jusqu’en 2030, la transposition en 2050 réalisée pour les autres pays n’a pu être réalisée à ce stade et est envisagée dans la suite du projet.
  • Dans tous les cas, la situation de la famille s’inscrit dans une trajectoire de vie réussie, durable et désirable, permettant de s’adapter aux impacts des changements climatiques et de contribuer activement à la lutte contre ceux-ci.